« crûment », définition dans le dictionnaire Littré

crûment

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

crûment

(kru-man) adv.
  • D'une manière crue, sans ménagement ni correctif. Mademoiselle, personne n'est encore mort de votre absence, hormis moi ; et je ne crains point de vous le dire aussi crûment, parce que je crois que vous ne vous en souciez guère, Voiture, Lett. 110. Ne lui laissez point penser tout crûment qu'on la sacrifie, Sévigné, 441. Oui, pour vous, dit Cloris, qui passez cinquante ans… Car, pour vous découvrir le fond de ma pensée, Je me plais aux livres d'amour. Cloris eut quelque tort de parler si crûment, La Fontaine, Ballade. Je sens qu'un prince très délicat sur la charité du prochain pourrait s'effaroucher aisément de ce qui est dit un peu crûment par rapport à sa délicatesse, Saint-Simon, 265, 66. Non d'un vrai sec et crûment historique, Mais de ce vrai moral et théorique, Qui, nous montrant les hommes tels qu'ils sont, De notre cœur nous découvre le fond, Rousseau J.-B. Ép. II, 4. Rendre crûment la vérité commune est le talent d'un ouvrier ; faire mieux que n'a fait la nature elle-même et l'embellir en l'imitant est l'art réservé au génie, Marmontel, Élém. litt. Œuvres, t. VII, p. 45, dans POUGENS. Les femmes, à qui l'on reproche tout crûment dans les Harangueuses [d'Aristophane] de se soûler, de ferrer la mule et bien d'autres espiègleries, Marmontel, ib. t. IX, p. 398.

HISTORIQUE

XVIe s. Ce propos, encore qu'il soit dit un peu trop cruement et temerairement, pourroit sembler veritable, Amyot, Phoc. 1.

ÉTYMOLOGIE

Crû pour crue, et le suffixe ment.