« cultivateur », définition dans le dictionnaire Littré

cultivateur

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

cultivateur, trice

(kul-ti-va-teur, tri-s') s. m. et f.
  • 1Celui qui cultive la terre ou un certain produit de la terre. Un riche cultivateur. Un cultivateur de lin, de trèfle. L'agriculture ne peut se perfectionner que lorsque des propriétaires riches, devenus cultivateurs, s'occuperont des progrès de l'art par curiosité, par intérêt, par ce sentiment naturel qui attache l'homme à l'objet de ses travaux, Condorcet, Duhamel. Sages cultivateurs, dans vos humbles asiles Vos hivers sont remplis, vos loisirs sont utiles, Saint-Lambert, Saisons, hiver. Un sage cultivateur doit dépenser ses moments avec la même économie que ses revenus, Barthélemy, Anach. ch. 59. Nouveau cultivateur, armé d'un aiguillon, L'Amour guide le soc et trace le sillon ; Il presse sous le joug les taureaux qu'il enchaîne ; Son bras porte le grain qu'il sème dans la plaine, Chénier, p. 74.

    Dans certaines provinces, celui qui est à la tête d'une exploitation agricole.

    Au féminin, cultivatrice. Dans un village habite une demoiselle L… cultivatrice, âgée de 74 ans, Journ. des Débats, 2 déc. 1860.

    Adj. Les peuples cultivateurs. Le premier fondement d'une société cultivatrice ou commerçante est la propriété, Raynal, Hist. phil, XVIII, 35. Le fer cultivateur et le bronze qui tonne, Delille, Trois règnes, V.

  • 2 S. m. Cultivateur, charrue légère, remplaçant la houe dans les binages, employé conséquemment dans la culture des plantes en lignes, et caractérisé par l'existence du versoir.

    Nom donné aussi, dans la pratique, aux binoirs, aux buttoirs, aux houes à cheval, aux ratissoirs, aux scarificateurs, aux extirpateurs, qui remplacent dans quelques circonstances le cultivateur proprement dit.

REMARQUE

Cultivateur n'est, dans le Dictionnaire de l'Académie, qu'à partir de l'édition de 1762. Mais c'était un mot tombé en désuétude ; car il est dans les plus anciens textes de la langue.

HISTORIQUE

XIIe s. À tei dunrai la terre de Chanaan ; cum il esteient de petit numbre, e très poi [peu] li cultivedur de li [elle], Liber psalm. f° 155. E Jacob cultivere fud en la terre de Cham, ib. p. 156.

XIVe s. Aus cultivateurs et laboureurs de terre. - Les cultiveurs des terres et les pasteurs, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVe s. Cultivateur de paix [celui qui aime la paix], Juvénal Des Ursins, Hist. de Charles VI, p. 290, dans LACURNE.

XVIe s. Au moyen de l'industrie et diligence des cultivateurs d'icelle [langue française], Du Bellay, J. I, 6, verso.

ÉTYMOLOGIE

Cultiver ; provenç. cultivaire, coltivador ; espagn. coltivador ; ital. coltivatore. Le provençal cultivaire et le vieux français cultivere sont le nominatif singulier ; le provençal coltivador et le vieux français cultivedur sont le régime singulier ; au pluriel, le nominatif est cultivedur, et le régime cultivedurs. Cultivedur ou cultivedor s'est changé en cultiveur ; et cultivateur est plus récent et tiré directement de cultiver ; cultiveur était plus court et plus logique.