« démolir », définition dans le dictionnaire Littré

démolir

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démolir

(dé-mo-lir) v. a.
  • 1Rompre la liaison d'un édifice, d'une masse construite. On démolit ce temple et ces autels chéris, Voltaire, Alz. II, 4. La paix fut faite à ces conditions : qu'on démolirait les fortifications du Pirée, avec la longue muraille qui joignait le port à la ville, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. IV, p. 91, dans POUGENS. Pour punir un si grand outrage, il [Théodose] résolut d'abord de confisquer tous les biens des citoyens d'Antioche, d'en brûler toutes les maisons avec tous ceux qui les habitaient, de la démolir jusque dans ses fondements, Fléchier, Hist. de Théod. III, 79.

    Terme de marine. Mettre en pièces un navire hors de service.

    Par extension, démolir un corps de troupe, lui faire subir dans un combat de très grandes pertes. L'aide de camp répondit qu'il y faudrait la garde pour achever : Non, reprit Napoléon, je m'en garderai bien, je ne veux pas la faire démolir, je gagnerai la bataille sans elle, Ségur, Hist. de Nap. VII, 9.

  • 2 Populairement, terrasser. Démolir son adversaire.

    Ruiner le crédit, l'influence, la réputation, surtout quand elle est usurpée. Il faut démolir cet homme. Il sera bien facile de le démolir.

    On le dit aussi en parlant de la santé. C'est un homme démoli.

HISTORIQUE

XVe s. Lesquelz avoient jà tous les champs couvers De gens de guerre et gros canons divers Pour desmollir rampars et boulevers Par durs assaulz, Coquillart, p. 80, dans LACURNE.

XVIe s. Il advient aucune fois que les sangliers foulent les chiens du bout de la hure sans les blesser, comme aux endroits des costes, aux hanches et lieux nerveux ; si de fortune ils avoient quelque chose demoli ou rompu, on les doit faire habiller, Fouilloux, Venerie, f° 84, dans LACURNE. Es ungs rumpoyt braz et jambes, es aultres desmolloyt les reins, Rabelais, Gar. I, 27. Comment Gargantua demolit le chasteau du gué de Vede, Rabelais, ib. I, 34. Je ay deliberé dedans huyctaine demolir ycelluy figuier, Rabelais, Pant. IV, prol. Rien ne prouffictoyent ses engins et molitions ; tout estoyt soubdain demoly et remparé par les Tyriens, Rabelais, ib. IV, 37. La ville estoit entierement demolie et destruite, Amyot, Cam. 52. Ils demolirent la mine et tuerent tous les mineurs, D'Aubigné, Hist. III, 296.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, dimoûre ; provenç. demolhir ; espagn. demolir ; ital. demolire ; du latin demoliri, de la préposition de, et moliri, entasser, de moles, masse (voy. MÔLE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DÉMOLIR. - HIST. Ajoutez : XIVe s. Lesquelz trois estaulx tous ensemble pourront muer et faire muer aillieurs en leur dicte terre pour deux fois seulement, et tous ensemble comme dict est, en demoliant ceulz qui à present sont ou seront en ladicte court Nostre-Dame (1383), Varin, Archiv. admin. de la ville de Reims, t. III, p. 526.