« dais », définition dans le dictionnaire Littré

dais

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dais

(dê ; l's se lie : un dê-z élégant) s. m.
  • 1Ouvrage dans la forme des anciens ciels de lit et qui sert de couronnement à un autel, à un trône, etc. Près de lui [le légat], pour Mayenne un dais est préparé, Voltaire, Henr. VIII.

    Poétiquement, sous le dais, sur le trône, au sein des grandeurs. Elle seule [la satire], bravant l'orgueil et l'injustice, Va jusque sous le dais faire pâlir le vice, Boileau, Sat. IX. De l'homme inculte il adoucit la vie, Et sous le dais montre au doigt les tyrans, Béranger, Ange exilé.

    Fig. Les flammes du bûcher se divisent et forment un dais sur sa tête sans le toucher, Voltaire, Mœurs, 9. Le ciel était sur sa tête [de René] comme le dais de sa couche, Chateaubriand, Natch. II, 105. La fleur dort sur sa tige, et la nature même Sous le dais de la nuit se recueille et s'endort, Lamartine, Méd. II, 2.

  • 2Toute espèce de voûte de verdure. Un dais de feuillage. Amis reposons-nous sur ce siége sauvage, Sous ce dais qu'ont formé la mousse et le feuillage, Voltaire, Scythes, I, 3.
  • 3Poêle soutenu de deux ou quatre petites colonnes, sous lequel on porte le saint sacrement, surtout dans les processions, et sous lequel on reçoit les rois, les princes, lorsqu'ils font une entrée solennelle.
  • 4Estrade, lieu élevé.

    Haut dais, estrade où le roi et la reine étaient assis dans les assemblées publiques, soit qu'il y eût un dais, soit qu'il n'y en eût pas. [Dans la description de la salle des machines du château des Tuileries, après le parterre] On monte ensuite sur un haut dais conservé pour les places des personnes royales et de ce qu'il y a de plus considérable à la cour, Hist. du théâtre fr. t. XI, p. 126.

  • 5Arbrisseau du Cap.

    Arbrisseau de l'Inde.

HISTORIQUE

XIIe s. Dunc fu apresté lur mangiers, Si s'i asistrent volentiers ; N'i orent tables n'autres deis Fors la vert herbe e le junc freis, Benoit de Sainte-Maure, II, 3557. Quant fu la cort des chevaliers de pris, Li mangiers fu aprestez et garnis ; L'eve demandent, au mangier sont assis ; Au plus haut dois sist li rois Anseïs, Garin le Loherain, dans DU CANGE, dagus. Et à curt esteras, et à mun deis tuz jurs mangeras, Rois, 150. Par l'uis qu'il ont trové overt, Entrent enz et voient covert Un dois [table] d'un tablier grant et lé, la Charrette, 983.

XIIIe s. El plus haut liu del dois [il] s'asiet, Partonop. V. 987. De princes est nés et de rois, Bien doit aseïr à haut dois, ib. V. 991. Al maistre dois li escançon Ne misrent boivre s'en or non, ib. V. 1015. Puis est ens el palais entrés, U li disners est aprestés, Et beaus et rices et cortois, Et il se vait seïr al dois [table], ib. V. 1599. Li rois a son leu [son loup] regardé, Joste le dois l'a apelé, Lai de Melion. Artus s'en est del dois tornés, De ci al leu [loup] en est alés, ib. Si cum manger deveit li reis, Jà ert asis sur le haut deis, Lai del desiré.

XVIe s. Contre la cheminée de la dite chambre, y avoit un riche ders, tout couvert, pentes, fonds et dossier, de broderies à personnages, l'Ordre du roi Henri II, p. 321, dans DU CANGE, dagus.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. deis. Le sens primitif est table à manger, comme le prouvent les anciens exemples et cette phrase de Mathieu Paris : Priore prandente ad magnam mensam quam dais vocamus. Il vient donc de discus (voy. DISQUE), table à manger. Comme la place où l'on posait le dais était élevée quand il s'agissait de grands personnages, dais a pris le sens d'estrade ; enfin, l'estrade étant garnie de tentures, on en est venu au sens d'aujourd'hui.