« diablerie », définition dans le dictionnaire Littré

diablerie

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diablerie

(dia-ble-rie) s. f.
  • 1Opération magique dans laquelle le diable intervient, ou est supposé intervenir. Ces diableries n'abusent plus personne. Quoi ! te mêlerais-tu d'un peu de diablerie ? Molière, l'Étour. I, 4. J'acquis de toute diablerie La pratique et la théorie, Scarron, Virg. trav. VI. M. de Richelieu attaque la personne de M. de Luxembourg par sa prison pour les poisons et les diableries, par la sellette sur laquelle il avait été interrogé, Saint-Simon, 19, 223. Les livres qui contiennent quelque espèce de diablerie, exécrables selon la plupart des gens, pitoyables selon moi, Montesquieu, Lett. pers. 135.
  • 2Possession, c'est-à-dire introduction d'un diable dans le corps d'une personne. Les diableries de Loudun.
  • 3Ancien spectacle, pièce populaire, conte où le diable joue le principal rôle. Si nous étions des sylphes, nous pourrions vous conter quelque diablerie, Sévigné, 95.
  • 4Machination secrète. Il y a quelque diablerie là-dessous.
  • 5Méchanceté de diable. …Avec toute sa diablerie Il faut que je l'appelle et mon cœur et m'amie, Molière, F. sav. II, 9. Ils ne sont pas capables d'une telle diablerie, Voltaire, Lett. d'Argental, 19 juin 1772.
  • 6Conduite mauvaise et déréglée. Un et un font deux, C'est le nombre heureux En galanterie ; Mais quand une fois Un et un font trois, C'est la diablerie, Chanson, dans RICHELET. Il a une comédienne, il paye les soupers ; enfin c'est une vraie diablerie, Sévigné, 36.
  • 7Petit dessin noir représentant le diable.

    Petits dessins en couleurs transparentes, représentant des diables sur des verres pour la lanterne magique.

HISTORIQUE

XIIe s. Perseverer el mal est diaulie, Saint Bernard, p. 525.

XIIIe s. Car plus faisoit la serve outrage et dyablie, Berte, LX. Diex ! fait-ele, dont vient si faite deablie ? ib. LXXII. Mès dire les choses à taire, C'est trop grant deablie à faire, la Rose, 7068.

XVe s. Or regardez la grande diablerie qui se commenceoit à eslever en France, Froissart, II, II, 128. Qui telz erreurs veult soustenir, C'est droite diablie, c'est rage, Martyre de S. Ét. Quelles diableries [injures] il me disoit, Lancelot du lac, t. III, f° 16, dans LACURNE.

XVIe s. Il fut le premier qui enseigna aux Venitiens l'usage de ceste diablerie [l'artillerie], Paré, IX, Préf. Si ainsi estoit, depuis que les demons sont creés, qu'ils eussent peu en engendrer d'autres, il y auroit bien de la diablerie sur les champs, Paré, XIX, 29. En l'autre avoit provision de fil et d'eguilles dont il faisoit mille petites diableries [méchancetés], Rabelais, Pant. II, 16.

ÉTYMOLOGIE

Diable ; provenç. diablia ; espagn. diablura ; portug. diabrura ; ital. diavoleria. Diablerie ne commence qu'au XIVe ou XVe siècle ; auparavant on disait diablie.