« drapeau », définition dans le dictionnaire Littré

drapeau

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

drapeau

(dra-pô) s. m.
  • 1Au sens primitif, pièce de drap ; ce qui sert à emmaillotter un enfant. On dit plutôt aujourd'hui lange.
  • 2Petit morceau de drap que le batteur d'or tient entre ses doigts.

    Terme de relieur. Drapeau à l'or, linge avec lequel le doreur, après avoir tout terminé, enlève l'or superflu en frottant toutes les places, et qu'il conserve à part jusqu'à ce qu'il soit suffisamment chargé de métal.

  • 3Haillon, vieux morceau de linge. Ils semblaient… Crier en se moquant : Vieux langes, vieux drapeaux, Régnier, Sat. X.

    Il ne se soutient non plus qu'un drapeau mouillé, se dit d'un homme faible au physique ou au moral.

    Vieilli en ce sens.

  • 4Pièce d'étoffe qui, mise au bout d'une lance, sert à distinguer par ses couleurs les nations ou les partis, et aussi à donner un signal. Le drapeau blanc. Le drapeau tricolore. Viens, mon drapeau, viens, mon espoir ; C'est à toi d'essuyer mes larmes ; D'un guerrier qui verse des pleurs Le ciel entendra la prière : Oui je secouerai la poussière Qui ternit tes nobles couleurs, Béranger, Vieux drapeau.

    Être sous les drapeaux, sous le drapeau, être en activité de service. Outre ces troupes tenues sous le drapeau, chaque village entretenait un franc archer, Voltaire, Mœurs, 80.

    Par métonymie, l'état militaire, ou plutôt l'armée. L'honneur du drapeau.

    Au plur. Les drapeaux, les armées d'une puissance, d'un prince. Combattre sous les drapeaux de la France. Il suivit les drapeaux de Charles XII. J'attaque sur son trône une reine orgueilleuse Qui voit sous ses drapeaux marcher un camp nombreux, Racine, Athal. IV, 3. De quelle noble ardeur pensez-vous qu'ils se rangent Sous les drapeaux d'un roi longtemps victorieux… ? Racine, Mithr. III, 1.

    Fig. Se ranger sous les drapeaux de quelqu'un, prendre parti pour lui.

    Fig. On m'a crié : l'occasion est bonne, Tous les partis rapprochent leurs drapeaux [se réconcilient], Béranger, De prof.

    Fig. J'ignore [il s'agit de vieilles qui portent la marque de vilaines maladies] dessous quels drapeaux elles ont combattu…, Régnier, Sat. X.

  • 5En un sens restreint, l'enseigne d'une troupe, d'un régiment d'infanterie. Jusque-là le 127e avait marché sans aigle ; car alors il fallait conquérir son drapeau sur le champ de bataille, pour prouver qu'ensuite on saurait l'y conserver, Ségur, Hist. de Napol. VI, 8. Les malades ne se séparèrent pas seuls de l'armée ; un grand nombre de soldats, dégoûtés et rebutés d'une part, de l'autre poussés par un esprit d'indépendance et de pillage, renoncèrent volontairement à leurs drapeaux, Ségur, ib. VI, 6.

    Battre au drapeau, exécuter une certaine batterie de tambour qui a lieu lorsqu'un régiment reçoit ses drapeaux, ses étendards ou ses guidons.

    Dans l'ancienne armée, enseigne de chaque compagnie, les drapeaux d'un régiment signifiant le drapeau de tout le régiment et les enseignes des diverses compagnies. Et aussi charge d'enseigne. Le roi a donné un drapeau à ce brave soldat.

  • 6Pièce d'étoffe d'une couleur ou d'une autre, dressée pour quelque indication. Dans les villes assiégées, on place un drapeau noir sur les hôpitaux, pour avertir l'assiégeant de ne pas diriger son feu sur ces asiles.

    Drapeau rouge, drapeau qui, en vertu d'un décret de la Constituante, devait être déployé chaque fois que, proclamant la loi martiale, on se préparait à disperser un rassemblement factieux.

    Drapeau rouge, signal de ralliement pris quelquefois par une insurrection, ou par certaines opinions démocratiques exaltées.

    Drapeau noir, pavillon de quelques corsaires.

  • 7 Terme de chirurgie. Bandage destiné à maintenir un appareil sur le nez.

    Nom vulgaire du ptérygion.

HISTORIQUE

XIIe s. Dessired out [il eut déchiré] ses drapels, puis puldre sur le chief, Rois, p. 16.

XIIIe s. Tant li batent et os et pel, Que plus fu mal d'un viez drapel, Ren. 9254. Renart a pris as mains la croiz, Si lor escrie à haute voiz : Danz Rois, tenez vostre drapel, ib. 11269. Icis venirs, icis alers [ces venues et ces allées] Font as amans sous lor drapiaus [habits] Durement ameigrir lor piaus, la Rose, 2557.

XVIe s. Nous eplucherons maintenant les linges et drapeaux auxquels ils emmaillottent les ames en dormies, Calvin, 64. … Et s'en va porter un faix de drapeaux [linge] à un douet…, Despériers, Contes, XXXVI. Elle n'osoit pas descendre à la cave, à cause qu'elle étoit en ses beaux drapeaux [vêtements], ib. XLVII. Faut mettre un drapeau en double, trempé en syrop de roses seiches, dedans la playe, Paré, XV, 30. M. le mareschal de Brissac luy donna son guidon de cent hommes d'armes, et tel drappeau ne se donnoit le temps passé, et mesme d'un si grand mareschal que celuy là, à jeunes gens qui n'eussent fait de fort signalées monstres de leur valeur, Brantôme, Cap. fr. t. III, p. 327, dans LACURNE. Le feu s'augmente de peu à peu, comme vous voyez qu'il fait en un drapeau de fuesil [amorce, amadou], Bouchet, Serées, liv. I, p. 187, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Diminutif de drap ; bourguig. draipéa ; Berry, drapiau, lange ; norm. drapet, linge ; provenç. drapel ; catal. drapet ; espagn. trapillo ; portug. trapinho ; ital. drapello.