« défrayer », définition dans le dictionnaire Littré

défrayer

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défrayer

(dé-frè-ié. Au temps de Chifflet on prononçait dé-fra-ié), je défraye, tu défrayes, il défraye ou il défraie, nous défrayons, vous défrayez, ils défrayent ou ils défraient ; je défrayais, nous défrayions, vous défrayiez, ils défrayaient ; je défrayai ; je défrayerai ou défraierai ou défraîrai ; je défrayerais ou défraierais ou défraîrais ; défraye, défrayez ; que je défraye, que nous défrayions, que vous défrayiez, qu'ils défrayent ; que je défrayasse ; défrayant v. a.
  • 1Payer la dépense de quelqu'un. Ils voulurent défrayer tout le train, Sévigné, 211. Le roi et la reine de Danemark vont voir ce comte d'Oldenbourg dans sa comté ; il défraye toute cette cour, et sa magnificence surpasse toute principauté, Sévigné, 442. Monsieur, mettez-vous à table, nous vous défrayerons, Voltaire, Cand. II. Mme André, prenant la parole, dit au savant que, s'il voulait défrayer sa table pour dix fois autant, il lui ferait grand plaisir, Voltaire, l'H. aux 40 écus, Un bon souper.

    Fournir ce qu'il faut pour repas ou entretien. Je veux qu'à mon souper celle-ci [la tortue] me défraie, La Fontaine, Fabl. XII, 15. Ils étaient obligés de défrayer leur tyran, lorsqu'il arrivait ; leurs vivres, leurs meubles, leurs troupeaux, tout était alors au pillage, Raynal, Hist. phil. XI, 24.

  • 2 Fig. Défrayer de bons mots, de plaisanteries, amuser, faire rire par de bons mots, des plaisanteries. Ils pensaient tous qu'il était là pour défrayer la compagnie de bons mots, Molière, Critique, 2.

    Absolument, défrayer la compagnie, amuser, faire rire, pourvu toutefois que quelque chose détermine le sens ; autrement défrayer la compagnie signifierait payer la dépense faite par une compagnie.

    Défrayer la compagnie, se dit aussi pour faire rire à ses dépens.

    Défrayer la conversation, parler le plus dans une conversation, y tenir le dé. Par son esprit il défrayait les conversations. Défrayer la conversation signifie aussi être l'objet d'une conversation. Ce fut lui et sa mésaventure qui défrayèrent la conversation.

  • 3Se défrayer, v. réfl. Payer les frais que l'on fait. Je serais bien allé à l'hôtel, mais je n'avais pas de quoi me défrayer.

REMARQUE

Défraîrai, défraîrais, ne s'orthographient ainsi qu'en poésie, et encore y renonce-t-on.

HISTORIQUE

XVe s. Il donna plusieurs robbes, et deffroya tout jusques en la Haye en Hollande, Commines, III, 5.

XVIe s. D'un client vous avez les sacs, Qui vous defraye Et le vin paye Qu'il ne boit pas, J. le Houx, VII. Ilz accepterent la charge de faire les frais de jeux qui n'estoient pas de petite despense, ayant l'un desfrayé à Thebes les joueurs de fluste, et l'autre à Athenes la danse des enfans qui balloient en rond, Amyot, Arist. 2. Il emporta par plusieurs fois le prix ès jeux qu'il desfrayoit, Amyot, Nicias, 4. Il n'est jà besoing de faire tant affaire, on vous deffroyera cela, Palsgrave, p. 450.

ÉTYMOLOGIE

Dé… préfixe, et l'ancien verbe frayer, dépenser (voy. FRAIS, s. m. plur.).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DÉFRAYER. - HIST. Ajoutez : XIVe s. Cent frans d'or à Robert de Heugueville, escuier,… pour lui aidier à soy deffroyer et ses compaingnons de Paris, Mandements de Charles V, 1373, p. 506.