« emplir », définition dans le dictionnaire Littré

emplir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

emplir

(an-plir)
  • 1 V. a. Rendre plein. Emplir un coffre, un verre. J'aperçois un canot vide sur le rivage, emplissons-le de cocos, jetons-nous dans cette petite barque, laissons-nous aller au courant, Voltaire, Candide, 17.

    Fig. De sa vaste folie emplir toute la terre, Boileau, Sat. VIII. L'honneur et la vengeance empliront tous les cœurs, Voltaire, Mér. IV, 5.

    Familièrement. Il emplit bien son pourpoint, se dit d'un homme gros et gras.

  • 2 V. n. Terme de marine. Être gagné par une voie d'eau, en parlant d'un vaisseau.

    Terme de sucrerie. Faire un empli.

  • 3S'emplir, v. réfl. Devenir plein. Le bateau s'emplissait peu à peu.

SYNONYME

EMPLIR, REMPLIR. Rigoureusement, remplir signifie emplir de nouveau ; mais la particule réduplicative re perd souvent son sens ; et ici elle s'est modifiée ; de sorte que remplir exprime l'action d'ajouter ce qui manque pour que la chose soit tout à fait pleine : remplir un tonneau. C'est là la nuance essentielle et de laquelle découlent les emplois de ces deux verbes. On dira un bois rempli de voleurs, plutôt que empli, parce que en effet des voleurs n'emplissent pas le bois, mais le remplissent à fur et mesure qu'ils y arrivent ou y séjournent. On dira que les grands mots emplissent la bouche, plutôt que remplissent, parce qu'on veut exprimer non pas la venue successive des mots dans la bouche, mais l'effet simultané, la plénitude qu'ils produisent. D'un autre côté, quand on dit : sa gloire emplit ou remplit l'univers, il est difficile de saisir une nuance réelle.

HISTORIQUE

XIIe s. Je enplirai vostre commandement, Ronc. p. 15.

XIIIe s. Uevre [ouvre] ta bouche et je l'ampliré, Psautier, f° 100. Car jonesce si les enflame, Qui de feu les emple et de flame, la Rose, 9218. Ainçois estoit encore enclose [la graine] Entre les foilles de la rose, Qui amont droites se levoient Et la place dedans emploient, ib. 3380.

XVe s. Adonc cessa l'assaut et fut avisé pour le mieux que on empliroit les fossés, Froissart, II, II, 34.

XVIe s. Marius emplit incontinent toute la Libye et toute la ville de Rome de sa renommée, Amyot, Marius, 11. Ilz emplirent de sang et de corps morts tout le cours de la riviere, Amyot, ib. 34. Il feit emplir d'eau deux mille peaux de chevres, Amyot, Sertor. 18. [Dieu] un realement estant, qui par un seul maintenant emplit le tousjours, Montaigne, II, 379.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. emplir, omplir, umplir ; ital. empiere ; du latin implere, de in, en, et plere (comp. PLEIN). Dans l'ancienne langue, la conjugaison était : j'emple, de impleo, avec l'accent sur im.