« emploi », définition dans le dictionnaire Littré

emploi

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

emploi

(an-ploi) s. m.
  • 1Usage qu'on fait de quelque chose. L'emploi du fer dans les constructions. Faire un noble emploi de ses richesses. L'emploi du temps. L'emploi de ce moyen n'est pas sans danger. L'emploi du mot propre.

    Double emploi, se dit de tout ce qui fait une répétition inutile. Cela fait double emploi. Si [ces principes sont] semblables, c'est comme s'il n'y en avait qu'un ; c'est un double emploi, Voltaire, Princ. d'act. I.

    Au plur. De doubles emplois ou des doubles emplois, suivant que l'on considère double comme un adjectif ou comme faisant un seul mot avec emploi.

  • 2 Terme de finance. Application de fonds à une destination. Régler l'emploi d'une dot, des sommes provenues d'une vente. Ils ont su l'emploi des trente pièces d'argent, Bossuet, Hist. II, 4.

    Terme de jurisprudence. Emploi des deniers, usage conforme à leur destination déterminée par la loi ou la convention. Emploi de deniers dotaux.

    Faux emploi, l'emploi d'une somme portée en dépense, quoique la dépense n'ait point été faite.

  • 3Occupation. [Il] … pour unique emploi s'attache à son plaisir, Et laisse le pouvoir à qui peut s'en saisir, Corneille, Attila, I, 2. Le ciel, dont nous voyons que l'ordre est tout-puissant, Pour différents emplois nous fabrique en naissant, Molière, Fem. sav. I, 1. Heureux qui vit chez soi, De régler ses désirs faisant tout son emploi ! La Fontaine, Fabl. VII, 12. Quand pourront les François Se donner, comme vous, entiers à ces emplois ? Mars nous fait recueillir d'amples moissons de gloire, La Fontaine, ib. VII, 18. De semblables discours rebutaient l'appointeur [de procès] ; Il court aux hôpitaux, va voir leur directeur ; Tous deux ne recueillant que plainte et que murmure, Affligés et contraints de quitter ces emplois, Vont confier leur peine au silence des bois, La Fontaine, ib. XII, 27. Ce n'est pas qu'un emploi ne doive être souffert : Puisqu'on plaide et qu'on meurt et qu'on devient malade, Il faut des médecins, il faut des avocats, La Fontaine, ib. [Il] Était prêtre de Flore ; Il l'était de Pomone encore ; Ces deux emplois sont beaux, La Fontaine, ib. VIII, 10. Quel est tous les jours votre emploi ? Racine, Athal. II, 7. Mais quel indigne emploi moi-même m'imposé-je ? Racine, Baj. IV, 2. Ces chaumes, ces déserts, où des pompes des rois Je vous vis descendue aux plus humbles emplois, Voltaire, Scyth. III, 4.

    Faire son emploi de, s'occuper à, faire son affaire de. Et que je fasse enfin mes plus fréquents emplois De parcourir nos monts, nos plaines et nos bois, Molière, Princ. d'Él. I, 3.

    Emploi du travail, des capitaux, leur application à l'industrie. Accroître l'emploi du travail.

  • 4Fonction, place. Je vais comme au supplice à cet illustre emploi, Corneille, Héracl. II, 5. Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi, La Fontaine, Fabl. I, 4. Mal content de n'avoir point eu de l'emploi en France, Sévigné, 131. Ceux qui sont dans les emplois de la guerre, Bossuet, Gornay. Moi… Qui, d'emplois en emplois vieilli sous trois sultans, Ai vu de mes pareils les malheurs éclatants, Racine, Baj. IV, 7. Il faut en France beaucoup de fermeté et une grande étendue d'esprit pour se passer des charges et des emplois, et consentir ainsi à rester chez soi et à ne rien faire, La Bruyère, II. Les personnes qui étaient dans quelque emploi considérable, Fénelon, Tél. XX. J'ai placé deux de mes frères, Mes trois fils ont de l'emploi, Béranger, Ventru. Je languis sous la chaîne Du plus modique emploi, Béranger, Vocation.

    Il se dit, absolument, pour service, temps passé dans les emplois. Mais ses rivaux ont-ils plus de mérite ? - Non ; Mais ils ont plus d'emploi, plus de rang, plus de nom, Corneille, Pulch. III, 1.

  • 5 Terme de théâtre. Rôles d'un même caractère. Cet acteur tient l'emploi des rois, l'emploi des valets.

    Chef d'emploi, le premier acteur dans les rôles de chaque emploi.

HISTORIQUE

XVIe s. Ô mon Dieu, conduisez-moi en vostre volonté par le froid, par le chaud… par l'employ, par le repos, St François de Sales, Solitudes annuelles, p. 245, Paris, 1860.

ÉTYMOLOGIE

Voy. EMPLOYER ; ital. impiego. Au XVIe siècle, on disait emploite (voy. EMPLETTE) : Le maniement et employte des beaux esprits donne prix à la langue, Montaigne, III, 353.