« farce.2 », définition dans le dictionnaire Littré

farce

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

farce [2]

(far-s') s. f.
  • 1Pièce dramatique et souvent simple dialogue où l'on emploie les plaisanteries hasardées et les lazzis burlesques. Le récit en farce en fut fait ; On l'appela le pot au lait, La Fontaine, Fabl. VII, 10. C'est dommage que Molière soit mort ; il ferait une très bonne farce de ce qui se passe à l'hôtel de Bellièvre, Sévigné, 195. Les fourberies de Scapin sont une de ces farces que Molière avait préparées en province, Voltaire, Vie de Molière. Ce que Regnard était à l'égard de Molière dans la haute comédie, le comédien Dancourt l'était dans la farce, Voltaire, Louis XIV, Écrivains. Le genre humain, répondit M. Husson, est capable de tout : Néron pleura quand il fallut signer l'arrêt de mort d'un criminel, joua des farces, et assassina sa mère, Voltaire, Pot pourri.

    Fig. Tirez le rideau, la farce est jouée, se dit, ordinairement par plaisanterie, pour signifier : tout est fini, c'en est fait ; c'est le mot attribué à l'empereur Auguste au moment de mourir.

    Terme de musique. Petit opéra bouffe en un acte en usage en Italie. Dieu a voulu que j'aie fait des pièces de théâtre pour mes péchés ; mais je n'ai jamais fait de farce italienne ; rayez cela de vos anecdotes, Voltaire, Lett. Thiriot, 1768 (sans date). Qu'un nonce du pape ait fait entrer le grand Turc dans sa croisade contre vous, cela est digne de la farce italienne, Voltaire, Lett. à Cath. 24.

  • 2Le comique bas et grossier propre aux farces. Cet auteur tombe, donne dans la farce. Le bourgeois aimait la grosse farce, et la payait ; les Jodelets de Scarron étaient à la mode, Voltaire, Dict. phil. Bouffon.
  • 3 Fig. Action plaisante, ridicule, récit bouffon. Le premier qui les vit, de rire s'éclata ; Quelle farce, dit-il, vont jouer ces gens-là ? La Fontaine, Fabl. III, 1. Que diable est-ce que cette belle farce qu'on me fait jouer ? Hamilton, Gramm. 4. C'est quelquefois une farce de voir les caresses qu'elle [Mlle de Coëtlogon] lui fait [à Cavoie] devant le monde, Saint-Simon, 34, 142. Les jansénistes et les molinistes ont joué une farce en France ; les luthériens et les calvinistes avaient donné des tragédies sanglantes à l'Angleterre, à l'Allemagne, à la Hollande, Voltaire, Déf. milord Bolingbroke, axiome.

    Populairement. Faire une farce à quelqu'un lui faire une mauvaise plaisanterie.

    Faire des farces, se divertir d'une manière bouffonne.

    Faire ses farces, mener une conduite déréglée, en parlant d'un jeune homme. Il a fait ses farces à Paris.

  • 4Il se prend comme adjectif dans le langage populaire. Des paroles farces. Un geste farce. Cela est farce.

SYNONYME

1° FARCE, COMÉDIE BOUFFONNE. Ces mots se prennent très souvent l'un pour l'autre. Toutefois la comédie suppose une action et une peinture de caractère, que la farce n'exige pas : M. de Pourceaugnac est une comédie bouffonne ; les scènes plaisantes que jouent les bateleurs pour attirer le public, ne sont que des farces.

2° FARCE, PARADE., Farce est le terme générique ; la parade est la farce que des bateleurs jouent sur des tréteaux pour attirer le monde et l'engager à entrer dans un théâtre.

HISTORIQUE

XVIe s. S'esbatant tout le long du jour à ouir des musiciens, joueurs de farces et toute telle maniere de gens, Amyot, Sylla, 54. Les farces des bateleurs nous resjouissent, mais aux joueurs elles servent de corvée, Montaigne, I, 331. Nos farces sont vrayement ce que les Latins ont appellé mimes ou priapées, la fin et l'effect desquels estoit un ris dissolu ; et pour ce toute licence et lascivie y estoit admise, comme elle est aujourd'hui en nos farces, Sibilet, Art poétique, livre II, p. 124, dans LACURNE, au mot moralité.

ÉTYMOLOGIE

Farce 1, parce que c'était, ou, comme la farce de la cuisine, quelque chose de mélangé et d'agréable, c'est-à-dire une espèce de revue de sujets divers, ou une pièce farcie (voy. FARCI). Espagn. port. et ital. farsa.