« fard », définition dans le dictionnaire Littré

fard

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fard

(far ; le d ne se lie jamais ; au pluriel, l's ne se lie pas, et on prononce : les far et les autres cosmétiques ; cependant quelques-uns la lient : les far-z et…) s. m.
  • 1Composition destinée à embellir le teint, en remédiant aux défauts qu'il a. C'est pour eux [les étrangers] qu'elle étale et l'or et le brocard, Que chez toi se prodigue et le rouge et le fard, Boileau, Sat. X. Une courtisane qui tire toutes ses grâces du fard, qui n'a qu'une beauté empruntée, et qui sait tout au plus charmer les oreilles par le son d'une voix douce et mélodieuse, Rollin, Hist. anc. t. XI, 2e part. p. 773, dans POUGENS. L'air la noircit [la céruse] en assez peu de temps, et les vapeurs du charbon ou les mauvaises odeurs des égouts, des latrines, etc. changent presque subitement le beau blanc de perle en gris obscur, en sorte qu'il est souvent arrivé aux femmes qui se servent de ce fard de devenir tout à coup aussi noires qu'elles voulaient paraître blanches, Buffon, Min. t. V, p. 387, dans POUGENS.
  • 2 Fig. Déguisement, feinte, dissimulation dans les discours. Leurs paroles n'ont point de fard, Malherbe, VI, 10. Les bons esprits… Qui savent, avisés, avecque différence, Séparer le vrai bien du fard de l'apparence, Régnier, Sat. v. Toutes les couleurs et le fard de la poésie ne l'ont su peindre [Angélique, de l'Arioste] aussi belle que nous vous voyons, Voiture, Lett. 4. Je vois trop que vos cœurs n'ont point pour moi de fard, Corneille, Cinna, Il, 1. Je te parle sans fard, et veux être chrétien, Corneille, Poly. v, 2. De ses pleurs tant vantés je découvre le fard, Corneille, Rodog. II, 4. Seigneur, moi qui connais le fond de son courage Et qui n'ai jamais vu de fard en son langage, Corneille, Clit. v, 3. Et n'y doit point chercher ni le fard du langage Ni la subtilité, Corneille, Imit. I, 5. La sévérité des femmes est un ajustement et un fard qu'elles ajoutent à leur beauté, La Rochefoucauld, Réfl. 204. Sans envie, sans fard, sans ostentation, toujours grand dans l'action et dans le repos, il parut à Chantilly comme à la tête des troupes, Bossuet, Louis de Bourbon. Tout ne fut plus que fard, qu'erreur, que tromperie, Boileau, Épît. IX.

    Terme de littérature. Faux ornements. Soyez simple avec art, Sublime sans orgueil, agréable sans fard, Boileau, Art p. I.

HISTORIQUE

XIIIe s. Renart, qui set assez de fart, Li avoit dit…, Ren. 14938.

XVIe s. Fard est perdu dessus mine de singe, Marot, J. p. 20, dans LACURNE. Et d'eau de fard son visage ne lave, Marot, IV, 148. Les regrets de quelque femmelette, qui regrette la perte des bouettes où estoient ses fards, Amyot, Timol. 22. Si on y adjouste demie dragme de sublimé, lavé et preparé comme celui des fars, il sera de grande efficace, Paré, XVI, 36.

ÉTYMOLOGIE

Diez, trouvant que le lat. tincta, teinte, est traduit en vieil haut allemand par gi-farwit, gifarit, de farwjan, teindre, tire de là le mot fard. Scheler cite de Palsgrave : paynting of ones face, farcement ; ce qui supposerait un verbe farcer. C'est une faute de Palsgrave ; le verbe est farder ; et non farcer (voy. FARDER).