« forçat », définition dans le dictionnaire Littré

forçat

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forçat

(for-sa ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des for-sa-z enchaînés) s. m.
  • 1Malfaiteur que la justice condamne à des travaux auxquels il ne peut se soustraire. [Il] Vit notre malheureux, qui, traînant la ficelle Et les morceaux du lacs qui l'avait attrapé, Semblait un forçat échappé, La Fontaine, Fabl. IX, 2. Me voilà donc forçat dans les formes, et il y avait assurément longtemps que je méritais bien de l'être, Lesage, Gusman d'Alfar. VI, 9.

    Autrefois le forçat subissait sa peine dans les galères, où il ramait pendant un certain nombre d'années. Je vois par votre dépêche du 21e l'opinion que vous avez que les galères où il n'y a que des forçats soient d'une moindre dépense que les autres, Colbert, à Arnoul, 4 juillet 1670, dans JAL. Assiste-t-elle dans un de nos ports ces misérables forçats qui, dans leurs prisons flottantes, gémissent sous le travail de la rame et sous l'inhumanité d'un comite ? Fléchier, Duchesse d'Aiguillon.

    Aujourd'hui que les galères n'existent plus, les forçats sont ou employés dans les arsenaux militaires ou déportés.

    Forçat libéré, forçat qui est libre après avoir accompli la durée de sa détention.

  • 2Il se dit de ceux qui, pris par les chrétiens sur les Turcs, ou pris par les Turcs sur les chrétiens, étaient enchaînés sur les galères et y servaient de rameurs. Toujours comme un forçat il faut être à la rame, Naviguer jour et nuit…, Régnier, Épît. II. Le sort, sans respecter ni son sang, ni sa gloire, Le fit être forçat aussitôt qu'il fut pris, La Fontaine, Filles de Minée. Les bois se travaillent dans les cours par les forçats, qui sont là comme par toute la ville [Marseille] en liberté, à cela prés qu'ils sont enchaînés trois à trois, deux chrétiens et un Turc ; ce dernier, étant dans l'impossibilité de se sauver, pour être trop reconnaissable et ne savoir pas la langue, empêche les autres de s'échapper, De Brosses, Lettres sur l'Italie, 15 juin 1739.

    Fig. L'ambition, l'amour, l'avarice, la haine, Tiennent comme un forçat son esprit à la chaîne, Boileau, Sat. VIII.

    Fig. Mes amis, de votre galère Un forçat vient de se sauver, Béranger, Petit coin.

    Fig. Travailler comme un forçat, travailler excessivement. Quand on a travaillé toute la journée comme un forçat, Picard, Collatéral, I, 12.

  • 3 Terme de jeux. Jouer au forçat, jouer aux cartes en s'assujettissant à certaines règles qui ordinairement ne sont pas obligatoires.

HISTORIQUE

XVIe s. Seront tenus lesdits capitaines d'entretenir en tout temps sur chacune des dictes galleres le nombre de 150 forçats, Ordonn. 15 mars 1548.

ÉTYMOLOGIE

Forçat est un participe passé à forme provençale, répondant à forcé qui s'est dit en effet pour forçat, ainsi que forçaire.