« fourrage », définition dans le dictionnaire Littré

fourrage

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fourrage [1]

(fou-ra-j') s. m.
  • 1Nom donné aux tiges, feuilles et racines des plantes vertes dont les bestiaux se nourrissent. Fourrage vert. Fourrage sec.

    Dans l'acception la plus générale, fourrage comprend toutes les substances d'origine végétale employées à la nourriture des bestiaux.

    Racinesfourrages ou fourrages-racines, la betterave, la carotte, les choux-raves et choux-navets, le navet, le panais, la pomme de terre, le raifort et le topinambour.

  • 2 Particulièrement. L'herbe qu'on coupe à l'armée pour la nourriture des chevaux. Les hommes et les chevaux revenaient épuisés, ceux toutefois qui revenaient ; car chaque mesure de seigle, chaque trousse de fourrage nous étaient disputées, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 10.

    Mettre la cavalerie en quartier de fourrage, l'établir dans un pays où le fourrage abonde.

    L'action même de couper, d'apporter le fourrage. Aller au fourrage. Être commandé de fourrage. Ordonner un fourrage général. Il y avait 2000 hommes au fourrage, Sévigné, 214. M. de Luxembourg, allant reconnaître un fourrage, fut averti de la marche de Rilly, Saint-Simon, 11, 130. On ne pouvait amener un convoi ni faire un fourrage sans combattre, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 10.

    Fig. Ravage. Au reste, le fourrage qu'ils ont fait est peu de chose, et le discours n'y perdra rien ou presque rien ; il n'y a pas en tout la valeur de six lignes effacées, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 21 juill. 1767.

    Se dit aussi des troupes commandées tant pour faire le fourrage que pour le soutenir. Les ennemis attaquèrent le fourrage.

  • 3 Terme d'artillerie. Foin, herbe dont on se sert pour bourrer le canon.

HISTORIQUE

XVe s. Nous serons tous à butin, aussi bien ceulx de dehors comme ceux de dedens, afin que nul ne s'amuse au fourraige, le Jouvencel, ms. p. 393, dans LACURNE. Si fut le long sejour de ceste gent desplaisant à ceulx de Paris, qui leurs vins ne povoient cueillir, mais perdoient blez, fruiz et fourrages, et tout ce qu'ilz avoient hors Paris, Geste des nobles, ch. 109.

XVIe s. Les soudards Thraciens chargerent quelques fourrageurs des Romains qui portoient du fourrage au camp, Amyot, P. Aem. 29. Peut le seigneur bas justicier creer ou commettre gens pour lever et recepvoir les dismes qui lui appartiennent en la seigneurie, pareillement les droits de la couppe des bois, ensemble de vaine pasture et fourage, Nouv. cout. génér. t. II, p. 345. Fourrage de corbeaux [un pendard], Cotgrave Y avoit un levrier fort meffaisant qui entroit partout, et ne trouvoit rien trop chaud ne trop pesant ; pain, chair, fourmage, tout luy estoit fourrage, Despériers, Contes, t. I, p. 136, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Feurre, foere, foure, paille, qui avait donné fourrer, d'où fourrage ; prov. fouratge ; esp. forrage ; ital. foraggio (voy. FEURRE).