« fétu », définition dans le dictionnaire Littré

fétu

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fétu

(fé-tu) s. m.
  • 1Brin de paille. Je ne suis à tes yeux [de Dieu] sinon Qu'un fétu sans force et sans nom, Régnier, Stances relig. Pendant que celle-ci [la fourmi], chétive et misérable, Vit trois jours d'un fétu qu'elle a traîné chez soi, La Fontaine, Fabl. IV, 3.

    Tirer au court fétu, décider quelque chose par le plus court fétu tiré au hasard. On dit plutôt aujourd'hui tirer à la courte paille.

    Cela ne vaut pas un fétu, je n'en donnerais pas un fétu, se dit de choses dont on ne fait aucun cas. Qu'ensemble l'on confond le vice et la vertu, Et qu'on l'estime moins qu'on n'estime un fétu, Régnier, Sat. V. Élevé dans la vertu, Et malheureux avec elle, Je disais : à quoi sers-tu, Pauvre et stérile vertu ? Ta droiture et tout ton zèle Ne valent pas un fétu ; Mais, voyant que l'on couronne Aujourd'hui le grand Pompone, Aussitôt je me suis tu : à quelque chose elle est bonne, Le Laboureur, dans RICHELET. Le mariage de M. de Lorraine ne leur donnait rien de plus [à la maison de Lorraine] et ne leur faisait pas d'un fétu, Saint-Simon, 64, 72.

    Voir un fétu dans l'œil de son prochain et ne pas voir une poutre dans le sien, apophthegme de l'Évangile pour reprocher aux hommes d'être sévères pour les moindres fautes du prochain et indulgents pour les leurs propres.

    Rompre le fétu avec quelqu'un, se brouiller avec lui. On dit plutôt à présent rompre la paille.

    Populairement. Un cogne-fétu, un homme qui ne s'occupe que de vétilles.

    On dit de même : Il ressemble à Cogne-fétu, il se tue et ne fait rien.

  • 2Autrefois, par antiphrase, barre de fer avec laquelle le bourreau rouait les condamnés.
  • 3Fétu-en-cul, dit aussi paille-en-cul, paille-en-queue, oiseau de la grosseur d'un pigeon et qui a dans la queue une ou deux longues plumes ressemblant de loin à des pailles, leurs barbes étant très courtes, dit aussi oiseau des tropiques, parce qu'il ne se trouve qu'entre les deux tropiques.

HISTORIQUE

XIIe s. Et ensi devient li festuz al oelh del irié [à l'œil de l'homme en colère], Job, p. 514.

XIIIe s. [Ils] ne donroient de moi la monte d'un festu, Berte, LI. [Il] Ront le festu, si lor pardone, Ren. 11179.

XVe s. Ainsi par especial en la ville de Bruges murmuroient-ils et queroient le festu en l'estrain, Froissart, II, III, 46. Mais nous tirerons au festu, Et cilz qui le plus grant ara, Le gieu pour jouer eslira, Deschamps, Poésies mss. f° 374, dans LACURNE. J'entends bien tout ; il ne faut pas Traisner festu devant vieil chat [on perd son temps à vouloir m'attraper], Rec. de farces, p. 171.

XVIe s. Comme le magnes [aimant] attire le fer, et l'ambre le festu, Paré, XXIII, 13.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, fistou ; Hainaut, fistu ; prov. festuc, s. m. et festuca, festuga, s. f. ; ital. festuca, festuco ; du lat. festuca, que les étymologistes rapprochent de fistula, tuyau, et de fustis, bâton.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FÉTU. Ajoutez :
4Ancienne cérémonie où l'on jetait loin de soi un fétu pour signifier qu'on renonçait à une foi promise. Les grands de la France, réunis selon l'usage pour traiter de l'utilité du royaume, ont, par conseil unanime, jeté le fétu et rejeté le roi [Charles le Simple], pour qu'il ne fût plus leur seigneur… l'hommage et foi, nous les condamnons, repoussons, rejetons par le fétu : cette réponse faite, ils prirent des fétus et dépouillèrent leur foi, Michelet, Orig. du droit, p. 121, 122.