« incarnation », définition dans le dictionnaire Littré

incarnation

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incarnation

(in-kar-na-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Acte par lequel ce qui n'était pas chair devient chair, ou ce qui était pur esprit prend un corps.

    Par excellence, action de la Divinité qui s'incarne ; résultat de cette action. L'incarnation n'étant autre chose que deux natures unies en la même personne divine, pour peu que l'on divise la personne, ou que l'on confonde les natures, le nom même d'incarnation ne subsiste plus, Bossuet, 3e avert. 2. Ainsi nous sont révélés les deux principaux mystères, celui de la Trinité et celui de l'Incarnation ; mais celui qui nous les a révélés nous en fait trouver l'image en nous-mêmes, afin qu'ils nous soient toujours présents et que nous reconnaissions la dignité de notre nature, Bossuet, Hist. II, 6. Nous-mêmes, qui sommes l'image de la Trinité, nous-mêmes à un autre égard, nous sommes encore l'image de l'incarnation : notre âme, d'une nature spirituelle, a un corps corruptible qui lui est uni, et de l'union de l'un et de l'autre résulte un tout, qui est l'homme, esprit et corps tout ensemble, incorruptible et corruptible, intelligent et purement brut, Bossuet, ib. Le plus grand obstacle au dessein de l'incarnation divine fut l'impureté de notre nature, Bourdaloue, Exhort. dign. et dev. des prêtres, t. I, p. 355.

    Absolument. L'Incarnation, l'incarnation de Jésus-Christ (on y met alors un I majuscule). Le mystère de l'Incarnation.

    Ère de l'Incarnation, manière de compter les années qui s'introduisit au VIe siècle, et dans laquelle on les datait de la conception de Jésus-Christ, c'est-à-dire du 25 mars, puis on les data du 25 décembre.

  • 2Dans la religion brahmanique, entrée des divinités en un corps humain ou animal. La mythologie indienne raconte les incarnations de Vichnou.
  • 3 Terme de physiologie. Production du germe ou embryon dans l'ovule.

    Terme de chirurgie. Production de chair en réparation d'une plaie.

HISTORIQUE

XIIe s. Il chantad e prophetizad del incarnatiun Nostre Seignur e de la nostre redemptiun, Rois, p. 210.

XIIIe s. Seigneur, sachiés que mil et cent et quatre-vins et dis-huit ans après l'Incarnation Jhesu-Crist… ot un saint home en France…, Villehardouin, I. Si fu jadis par maint prophete Ceste incarnacion retraite Et par Juis et par paiens, la Rose, 19364. Ce fu fet en tele incarnation et en tel mois, Beaumanoir, XXXV, 20.

XIVe s. Aucune fois nature encharne [incarne] aucunes choses, de la quele incarnacion le cyrurgien ne doit faire dessevrance [séparation], H. de Mondeville, f° 93.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. encarnatio ; espagn. encarnacion ; ital. incarnazione ; du latin incarnationem ; de incarnare, incarner.