« incendie », définition dans le dictionnaire Littré

incendie

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

incendie

(in-san-die) s. m.
  • 1Feu très grand, très étendu, surtout celui qui consume des édifices, des forêts, un vaste amas de matières. Les grands incendies des forêts produisent une quantité considérable de matière ferrugineuse et magnétique, Buffon, Min. t. IX, p. 108. Vous trouverez dans la lettre 91e [de Sénèque] le récit de l'incendie de Lyon avec des réflexions sur ce terrible événement, Diderot, Claude et Nér. II, 34. On peut soupçonner avec vraisemblance que de grands incendies occasionnés par des causes extraordinaires ont eu lieu à leur surface [de certaines étoiles], Laplace, Expos. V, 1. L'incendie des livres chinois, ordonné par l'empereur Tchi-Hoanti, vers l'an 230 de notre ère, fit disparaître beaucoup d'observations intéressantes, Laplace, ib. V, 1. Cette nuit fut triste [la première passée à Moscou] : des rapports sinistres se succédaient ; il vint des Français, habitants de ce pays, et même un officier de la police russe, pour dénoncer l'incendie, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 6. Les chefs, et Mortier lui-même, vaincus par l'incendie, qu'ils combattaient depuis trente-six heures, y vinrent [dans le Kremlin] tomber d'épuisement et de désespoir, Ségur, ib. VIII, 6.

    Incendie spontané, feu qui s'allume spontanément, c'est-à-dire par la réaction chimique des substances, dans certaines matières, par exemple le blé mis humide en tas, le café moulu, le tabac en tonneaux, le bois pourri, etc.

    Par extension. Le feu d'un volcan. Le mont Etna dont un incendie récent avait couvert de cendres et de flammes toute la contrée voisine, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. V. p. 199, dans POUGENS.

    Incendie se dit aussi des dévastations par le feu que fait une troupe de guerre. Les deux incendies du Palatinat [par les troupes françaises] sont abominables, Voltaire, Lett. Colini, 21 oct. 1767. Chez vos voisins vous portez l'incendie ; L'aquilon souffle, et vos toits sont brûlés, Béranger, Ste Alliance.

  • 2 Fig. Troubles excités par les factions ; explosion de grandes guerres. La mort de Grégoire VII n'éteignit point l'incendie qu'il avait allumé, Voltaire, Mœurs, 46. Ta main hardie Va de Rome et du monde allumer l'incendie, Voltaire, Catilina, II, 1. Lorsque l'élévation du duc d'Anjou sur le trône de Charles Quint remplit l'Europe d'inquiétudes, et la replongea dans les horreurs d'une guerre universelle, les flammes de l'incendie général allèrent jusqu'au delà des mers, Raynal, Hist. phil. XV, 11. Aucun de nous ne veut allumer l'incendie dont les matériaux sont si notoirement prêts d'une extrémité du royaume à l'autre, Mirabeau, Collection, t. II, p. 148. Cependant la surprise de Vinkowo, cette attaque inopinée de Kutusof devant Moscou, n'avaient été qu'une étincelle d'un grand incendie ; au même jour, à la même heure, toute la Russie avait repris l'offensive, Ségur, Hist. de Nap. X, 1. Nos conjurés d'un mot auraient tout embrasé, Craignant que sa fureur [du peuple], par le temps refroidie, N'offrît plus d'aliment à ce vaste incendie, Delavigne, Vêpr. sic. I, 1.
  • 3 Terme d'alchimie. Se dit du grand feu du fourneau.

    PROVERBE

    Il ne faut qu'une étincelle pour allumer un grand incendie, c'est-à-dire une petite cause peut produire de grands effets.

REMARQUE

Incendie, qui est un latinisme, a eu de la peine à s'établir : Du temps du cardinal du Perron et de M. Coëffeteau, ceux qui faisaient profession de bien écrire, n'eussent pas voulu user de ce mot ; on disait toujours embrasement, mais aujourd'hui incendie s'est rendu familier, et les bons écrivains se servent indifféremment de l'un et de l'autre, Vaugelas, Rem. t. I, p. 203.

SYNONYME

INCENDIE, EMBRASEMENT. Proprement, l'embrasement, c'est la mise en braise ; et l'incendie, c'est la mise en feu. Ces deux mots ne diffèrent donc que par l'image qu'ils présentent ; et au fond ils sont synonymes.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. encendi ; catal. incendi ; espagn. et ital. incendio ; du lat. incendium, de incendere, brûler, de in, en, et cendĕre, qui tient à candere, être blanc, brillant, très chaud, comme jacĕre tient à jacēre, avec changement d'a en e par suite de la composition, comme dans a-scendere, de scandere.