« museau », définition dans le dictionnaire Littré

museau

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

museau

(mu-zô) s. m.
  • 1Nom donné vulgairement à la face des mammifères quand elle avance beaucoup en avant du front, de manière à rendre les mâchoires saillantes. Le museau d'un chien, d'un loup, d'un renard.

    Il se dit aussi des poissons. On connaît que l'eau commence à être viciée, c'est-à-dire privée de l'air propre à la respiration, lorsque le poisson monte à la surface et sort le museau de l'eau, Genlis, Maison rust. t. III, p. 407, dans POUGENS.

  • 2 Populairement, par mépris et par plaisanterie. Le visage. Qui casse le museau, qui son rival éborgne, Régnier, Sat. X. Montrez de loin votre chapeau, Ou bien montez sur quelque chose Pour faire voir votre museau, Molière, Remerc. au roi. Il est bien nécessaire, vraiment, de faire tant de dépense pour vous graisser le museau, Molière, Préc. 5. Quand elle approchait de mon visage son museau sec et noir, barbouillé de tabac d'Espagne, j'avais peine à m'abstenir d'y cracher, Rousseau, Confess. IV.

    Ironiquement. Voilà encore un beau museau, un plaisant museau, se dit d'un homme qui fait l'agréable. Orgon : Sans être damoiseau, Tartuffe est fait de sorte… - Dorine : Oui, c'est un beau museau, Molière, Tart. II, 2. Ardez le beau museau, Pour nous donner envie encore de sa peau, Molière, Dép. amour. IV, 4.

  • 3 Terme de vétérinaire. Museau noir, ou noir museau, ou faux museau, synonyme de barbuquet.
  • 4Accoudoir d'une stalle.
  • 5Partie du panneton d'une clef, dans laquelle sont faites les entailles pour le passage des dents du râteau.
  • 6 Terme d'anatomie. Museau de tanche, orifice vaginal de l'utérus.
  • 7Museau long, poisson du genre gymnote.

    Museau pointu, espèce du genre raie.

    Museau de brochet, espèce de crocodile.

    Demi-museau, un des noms vulgaires de l'espadon (poisson).

HISTORIQUE

XIIIe s. Rainsant le pié a destendu, Et Ysengrin a si feru Entre le pis et le musel, Tout coi le jeta el prael, Ren. 7699. Moult s'en faut poi, par saint Marcel, Que je ne vous oing le musel, Fabliaux, t. III, p. 290.

XVe s. Et [la truie] avoit un musel long et tout affamé, Froissart, II, III, 22.

XVIe s. Petit museau, petites dens [d'un chien], Du Bellay, J. VII, 39, verso.

ÉTYMOLOGIE

Picard, musé ; wallon, muzai ; namur. muzia ; Hainaut, musiau ; provenç. mus, et les diminutifs mursel, mursol ; espagn. et ital. muso ; anc. franç. muse, s. f. : Tot maintenant la porte ouvrirent Au borgois qui tendoit la muse, Méon, Nouv. rec. de fabl. le prêtre et la dame., et mouse : Tous les jours une talemouse Pour bouter et fourrer sa mouse, Villon, Grand test. ; bas-latin, musus, dans un texte du VIIIe siècle. Origine incertaine. Cependant l'apparition de l'r dans le provençal mursel indique que cette lettre est radicale, et a disparu comme dans dos de dorsum, et dans giuso de deorsum ; de sorte que mus représenterait le latin morsus, ce avec quoi l'on mord. Cette étymologie plausible a pour soi l'autorité de Diez.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MUSEAU. Ajoutez :
8Le museau, dit aussi bombyx à museau, ou phalène en museau, bombyx palpina.