« obole », définition dans le dictionnaire Littré

obole

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

obole

(o-bo-l') s. f.
  • 1 Terme d'antiquité grecque. Poids qui, chez les Athéniens, valait 75 centigrammes.
  • 2Petite monnaie d'Athènes, dont six faisaient la drachme attique, et qui valait 16 centimes de notre monnaie. Vous ne sortirez point de là, que vous n'ayez payé jusqu'à la dernière obole, Sacy, Bible, Évangile St Luc, XII, 59. Pour engager les citoyens [d'Athènes] à s'y rendre [à l'assemblée], on y attacha une rétribution d'abord d'une obole, qui était la sixième partie d'une drachme, puis de trois oboles, qui faisaient cinq sols de notre monnaie, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 521.

    On mettait une obole dans la bouche des morts, afin qu'ils payassent à Caron le prix du passage du Styx. Dans sa bouche, une pièce d'argent d'une ou deux oboles qu'il faut payer à Caron, Barthélemy, Anach. ch. 8. Mais quel cœur ne pardonne aux consolants abus, Qui des vivants aux morts apportent les tributs, Le miel, le vin, l'encens, l'obole du voyage ? Delille, Imag. VII.

  • 3Anciennement, en France, petite monnaie de cuivre qui valait la moitié d'un denier tournois. L'obole valait 4/8 de denier ; la pite, 2/8 ; la semi-pite, 1/8. Après avoir énoncé les livres, sols et deniers, on énonçait les fractions de denier en obole, pites, semi-pites. La somme de dix mille une livre, une obole, Pour l'avoir sans relâche, un an, sur sa parole, Habillé, voituré, coiffé, chaussé, ganté, Alimenté, rasé, désaltéré, porté, Regnard, Joueur, III, 4.

    Fig. Pas de pigeon pour une obole, se dit pour exprimer qu'une chose coûte de l'argent, des soins, des peines. La fourmi le pique au talon ; Le vilain retourne la tête ; La colombe l'entend, part, et tire de long ; Le soupé du croquant avec elle s'envole ; Point de pigeon pour une obole, La Fontaine, Fabl. II, 12.

  • 4 Fig. Très petite somme. En Normandie, un père ne peut ôter seulement une obole de son bien au fils le plus désobéissant, Voltaire, Traité de métaph. 9. Dorval : Et vous ne voulez rien donner à votre neveu ? - Géronte : Pas une obole, Goldoni, Bourru bienfais. II, 1.

    On dit qu'une chose, une personne ne vaut pas une obole, pour dire qu'elle n'a aucune valeur. Or, en ce fait, tout ce qui me console Et qui me doit excuser près de toi, C'est que du moins, si ne vaux une obole, Lafare encor certes vaut moins que moi, Chaulieu, Rép. à l'abbé Courtin.

    Très petite partie. Tu te prends à plus dur que toi, Petit serpent à tête folle ; Plutôt que d'emporter de moi Seulement le quart d'une obole, Tu te romprais toutes les dents, La Fontaine, Fabl. V, 16.

HISTORIQUE

XIIIe s. Chascun fes [faix] à home, soit petit ou grand, doit obole de rivage, Liv. des mét. 304.

XIVe s. [Il sera fabriqué] des petites oboles parisis et tournois de la valeur et de la loy de celles du temps de saint Louis, Ordonn. 6 sep. 1329.

XVIe s. De tels dix grains est fait un obole, ou demy scrupule, Paré, XXV, 12.

ÉTYMOLOGIE

Lat. obolus, d'ὀϐολὸς, qu'on regarde commme une autre forme de ὀϐελὸς (voy. OBÈLE), ainsi dit parce que de petites barres d'airain servaient de monnaie à l'origine.