« ode », définition dans le dictionnaire Littré

ode

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ode

(o-d') s. f.
  • 1Chez les anciens, poëme destiné à être chanté. Il [Alexandre] battit les Grecs qui tentèrent vainement de secouer le joug, et ruina Thèbes où il n'épargna que la maison et les descendants de Pindare, dont la Grèce admirait les odes, Bossuet, Hist. I, 8. Vos odes sont tendres, gracieuses, souvent véhémentes, rapides, sublimes, Fénelon, Dial. des morts anc. Horace, Virgile. Une ode de Pindare fut anciennement inscrite en caractères d'or dans un temple de Minerve, Bitaubé, Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. IV, p. 411.
  • 2Aujourd'hui, poëme divisé en strophes semblables par le nombre et la mesure des vers. L'ode avec plus d'éclat et non moins d'énergie, Élevant jusqu'au ciel son vol ambitieux, Entretient dans ses vers commerce avec les dieux ; Aux athlètes dans Pise elle ouvre la barrière, Chante un vainqueur poudreux au bout de la carrière, Mène Achille sanglant au bord du Simoïs, Ou fait fléchir l'Escaut sous le joug de Louis, Boileau, Art p. II. L'ode était assez oubliée depuis Malherbe ; l'élévation qu'elle demande, les contraintes particulières qu'elle impose avaient causé sa disgrâce…, Fontenelle, Rép. évêq. Luç. Œuv. t. III, p. 351, dans POUGENS. De toutes les odes modernes, celle où il règne le plus grand enthousiasme qui ne s'affaiblit jamais, et qui ne tombe ni dans le faux ni dans l'ampoulé, est le Timothée ou la fête d'Alexandre par Dryden ; elle est encore regardée en Angleterre comme un chef-d'œuvre inimitable, dont Pope n'a pu approcher quand il a voulu s'exercer dans le même genre, Voltaire, Dict. phil. Enthousiasme. L'ode dont l'orgueil rejette encore plus ce qui est commun dans les expressions que dans les idées, D'Alembert, Éloges, Lamotte. La faveur que l'ode semble avoir perdue, l'épître paraît l'avoir gagnée, D'Alembert, Mél. t. V, Réflexions sur l'ode.

    Ode héroïque, celle dont le sujet et le style sont nobles élevés.

    Ode anacréontique, celle dont le sujet et le style sont légers, gracieux.

  • 3S. f. pl. Les odes, recueil qui contient les odes d'un auteur. Les odes de Victor Hugo.
  • 4Ode-symphonie, poëme musical mêlé de chant, de récitatif noté et parlé, et dans lequel l'orchestre joue un rôle très important. Le Désert de Félicien David est une ode-symphonie.

HISTORIQUE

XVIe s. Et osay le premier des nostres enrichir ma langue de ce nom d'ode, Ronsard, Ép. au lecteur, Odes. Ce nom d'ode a esté introduit de nostre temps par Pierre de Ronsard, Pelletier du Mans, Art poétique, liv. II, Ode. Fameux harpeur et prince de nos odes, Du Bellay, J. II, 22, recto. Introduisismes entre autres deux nouvelles especes de poesie : les odes dont nous empruntasmes la façon des Grecs et Latins…, Pasquier, Recherches, liv. VII, p. 611. Car depuis que Ronsard eut amené les modes Du tour et du retour et du repos des odes, Imitant la pavane ou du roi le grand bal, Le françois n'eut depuis en Europe d'egal, Vauquelin, Art poétique, dans RICHELET.

ÉTYMOLOGIE

ᾨδὴ, chant, ode, contracté de ἀοιδὴ pour ἀϝοιδὴ ; sanscr. vad, parler.