« oison », définition dans le dictionnaire Littré

oison

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

oison

(oi-zon) s. m.
  • 1Petit de l'oie. Dangeau a voulu donner des présents aussi bien que Langlée ; il a commencé la ménagerie de Clagny ; il a ramassé pour deux mille écus de toutes les tourterelles les plus passionnées, de toutes les truies les plus grosses, de toutes les vaches les plus pleines, de tous les moutons les plus frisés, de tous les oisons les plus oisons, Sévigné, 329. La laitue, qui est le plus grand régal des petits oisons, Buffon, Ois. t. XVII, p. 48.

    Oison bridé, celui à qui l'on a placé une plume dans les ouvertures du bec, pour l'empêcher d'entrer dans les lieux fermés de haies.

    C'est un oison bridé, c'est un imbécile à qui l'on fait faire ce qu'on veut. Hé bien, où va-t-elle, où va-t-elle, que veut-elle faire, cet oison bridé ? Molière, Comtesse, 3.

    N'avoir pas plus de sens qu'un oison, être très borné. Elle faisait des agaceries au bel Amazan, qui s'aperçut enfin qu'elle n'avait pas le sens d'un oison, Voltaire, Princ. de Babyl. 10.

  • 2 Fig. et familièrement. Un oison, un homme, une femme sans intelligence, imbécile. Lise n'était qu'un véritable oison, La Fontaine, Comment l'espr. Oui, oui, ne souffrons point qu'on nous croie un oison, Molière, Amph. I, 2. Que Damon ne vient-il ? mais vous ferez l'oison, Sitôt qu'il paraîtra…, Destouches, Phil. marié, II, 1. Tu crois qu'à cet oison je suis fort attaché…, Voltaire, Indiscret, I, 6. Que voulez-vous qu'on dise à de pareils oisons ? Gresset, Méchant, I, 4.

    Ces oisons-là, des gens de cette espèce, avec une idée de dénigrement. Vous me faites peur de votre vieille veuve qui se marie à un jeune homme ; c'est un grand bonheur de n'être pas sujette à se coiffer de ces oisons-là ; il vaut mieux les envoyer paître que de les y mener, Sévigné, 22 déc. 1675.

  • 3 Terme rural. Tas d'avoine composé de deux javelles au plus, qu'on laisse sur le sol jusqu'à ce qu'on ait eu le temps de les lier.

REMARQUE

La Fontaine a dit oison pour canard ; ce qui est une inexactitude de langage, malgré la parenté de l'oie et du canard : La tortue enlevée… Justement au milieu de l'un et l'autre oison, La Fontaine, Fabl. X, 3.

HISTORIQUE

XIIIe s. Il vos covendroit jelinetes, Chapons, oisons, tendres poletes, Ren. 16538.

XIVe s. En aoust et septembre, quant les oisons sont aussi grans comme pere et mere, Ménagier, II, 5. Quant il ot l'uel crevé de la lance acerée, Ele dist à ses dames dont elle fu privée : Il est bons pour garder les oisons, ceste année, les Chetifs, v. 14850.

XVe s. Par Saint-Jean, tu as bien raison, Les oysons mainent les oyes paistre, Patelin.

XVIe s. Au contentement d'une mediocre mesure de fortune et fuyte de la grandeur, j'y treuve fort peu d'affaires ; c'est une vertu, ce me semble, où moy, qui ne suis qu'un oyson, arriverois sans beaucoup de contension, Montaigne, IV, 27. Bon oison mauvaise oie, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 190.

ÉTYMOLOGIE

Berry, ochon, oyon ; bourguig. ozon ; pic. euson ; Bresse, oyon. La forme régulière est dans le Berry ochon, qui vient de auca, oie, ou dans le bressan oyon, qui vient de oie ; oison est une dérivation irrégulière.