« poêle.3 », définition dans le dictionnaire Littré

poêle

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

poêle [3]

(poî-l') s. f.
  • 1Ustensile de cuisine dont on se sert pour frire, pour fricasser. Autrefois carpillon fretin Eut beau prêcher, il eut beau dire, On le mit dans la poêle à frire, La Fontaine, Fabl. IX, 10.

    Fig. Être dans la poêle, être dans l'embarras. J'en ris tout autant que vous, quoique je sois dans la poêle, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 18 oct. 1760.

    Fig. Tomber de la poêle en la braise, ou dans le feu, tomber d'un mal en un pire. Je tombai par malheur de la poêle en la braise, Régnier, Sat. X. Je ne fis que sauter, comme on dit, de la poêle à frire dans le feu, Lesage, Guzm. d'Alf. I, 6.

    Il n'y en a point de plus empêché que celui qui tient la queue de la poêle (voy. QUEUE).

    Fig. Qui pourrait s'empêcher de rire ? Lebrun d'un vol audacieux Se précipite dans les cieux, Et tombe dans la poêle à frire, DOMERGUE, Epigr. contre Lebrun qui avait épousé sa cuisinière.

  • 2Poêle à confitures, poêle de cuivre sans queue, avec deux anses ; plus souvent appelée bassine.
  • 3Chaudière dans laquelle les chandeliers font fondre leur suif.

    Grand bassin de cuivre sur lequel les ciriers travaillent leurs ouvrages à la cuiller.

    Vase de fonte qu'emploient les chaudronniers pour faire fondre l'étain.

  • 4 Terme de marbrier. Vase de fonte avec deux anses et trois pieds, dans lequel on allume du charbon pour faire chauffer les petites parties de marbre, les goujons avant de les graisser, et les pinces des polisseurs.
  • 5Nom donné dans nos salines de l'Est à une vaste chaudière servant à l'évaporation du liquide avant qu'on le mette dans les cristallisoirs. Poêle de graduation, poêle de préparation.
  • 6 Terme de pêche. Partie du fond d'un étang, plus profonde que le reste, et située vis-à-vis de la bonde, où tout le poisson se rend, à mesure que l'on vide l'étang pour le pêcher.
  • 7 Terme de gravure. Ustensile qui sert à chauffer la planche que l'on encre.

HISTORIQUE

XIIIe s. Paeles que l'on aporte du lendit, si doit chascune obole, et de pos autresinc, Liv. des mét. 290.

XIVe s. La dame moult bien entendi… Ses cuers [son cœur] li bat et li flayelle, Et frit con tourtyalz en payelle, Jean de Condé, t. II, p. 41.

XVe s. Qui tient la poisle par la queue, il la tourne par où il luy plaist, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 213. Son corps feut mis par pieces, et bouilli en une paille, tellement que la chair se separa des os, Juvénal Des Ursins, Ch. VI, 1422. Abusé m'a et fait entendre Toujours d'un que il fust un autre, De vieil machefer que fust peauthre, Du ciel une paesle d'airain, Villon, Double ballade.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, paill ; picard, payelle, poyelle ; provenç. padela, padena ; catal. paella ; ital. padella ; du lat. patella, diminutif de patena, patène.