« prédestiner », définition dans le dictionnaire Littré

prédestiner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

prédestiner

(pré-dè-sti-né) v. a.
  • 1Destiner de toute éternité au salut. …Que nous allions jouir avec Dieu de ce grand et éternel renouvellement qu'il a prédestiné à ses serviteurs, Bossuet, Sermons, Temps du jubilé, 3. En nous mettant devant les yeux la sainteté de ses élus, et en les prédestinant pour nous servir d'exemples, Bourdaloue, Sainteté, 2e avent, p. 286.

    Il se dit aussi, chez les calvinistes, de ceux que Dieu destine à la damnation. Il [Dieu] appelait à l'extérieur ceux que dans le fond il avait exclus de la grâce, les prédestinant au mal, Bossuet, Var. XIV, 26.

  • 2Destiner de toute éternité à de grandes choses, en parlant du choix de Dieu. Dieu, qui l'avait prédestiné à être un exemple de justice dans un si beau règne et dans la première charge d'un si grand royaume, Bossuet, le Tellier.
  • 3 Par extension, dans le langage ordinaire, réserver à quelque chose d'extraordinaire qui ne peut manquer d'arriver. Sa mauvaise étoile le prédestinait à se noyer. Dieu, qui d'un seul homme a voulu former tout le genre humain… en a vu et prédestiné dès l'éternité les alliances et les divisions, Bossuet, Mar.-Thér.

HISTORIQUE

XIIIe s. Dame de paradis, roïne couronnée, Tresoriere de grace, avant sainte que née, De la grace de Dieu fus tu predestinée, J. de Meung, Test. 2129.

XIVe s. Plusieurs sont predestinez en la grace de Dieu, lesquelz nous tenons en ce siecle pour non nobles, le Songe du vergier, I, 150.

XVIe s. Jesus-Christ estoit predestiné en l'esprit de Dieu, d'estre fait homme, Calvin, Inst. 359. Ilz mauldissoient et rejettoient ceulx qui disoient estre predestiné que la guerre dureroit trois fois neuf ans, Amyot, Nicias, 16. Helas ! je le sçay bien qu'ilne faut que j'espere D'echapper de vos fers, quoy que je puisse faire ; Le ciel à vous servir m'a trop predestiné, Desportes, Élég. I, 12. Puis des malheurs qui sont predestinez Le seul remede aux cœurs determinés, C'est de n'avoir esperance ni crainte, Desportes, Diane, I, 17.

ÉTYMOLOGIE

Lat. praedestinare, de prae, d'avance, et destinare, destiner.