« préluder », définition dans le dictionnaire Littré

préluder

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

préluder

(pré-lu-dé) v. n.
  • 1Essayer sa voix par une suite de tons différents avant de chanter. Avant que de chanter, il faut que je prélude un peu, Molière, Mal. imag. Interm. I, sc. 4. Quand ta voix céleste prélude Aux silences des belles nuits, Barde ailé de ma solitude [le rossignol], Tu ne sais pas que je te suis ! Lamartine, Harm. IV, 6.

    Jouer d'un instrument pour se mettre dans le ton. Qu'on les exerce à préluder en majeur et en mineur sur tous les sons de l'instrument, chose qu'il faut toujours savoir, quelque méthode qu'on adopte, Rousseau, Proj. sign. mus.

    Fig. Il y a longtemps que je pensais, avec l'auteur des Essais [Montaigne], que Cicéron est un grand musicien, mais qui prélude trop longtemps avant que de jouer sa pièce, et qui me semble, en la jouant, trop soucieux d'être écouté, Diderot, Claude et Nér. II, 17.

  • 2Improviser sur un instrument, dans le goût des préludes.
  • 3 Fig. S'essayer dans la musique, dans la poésie, dans les lettres. Il [Segrais] avait préludé à l'une et à l'autre de ces versions poétiques par des églogues publiées avant son Énéide, D'Alembert, Éloges, Segrais. …Jeune alouette, habitante des airs, Tu meurs en préludant à tes tendres concerts, Delille, l'H. des ch. I.
  • 4 Fig. Faire une chose pour en venir à une autre plus importante. Il donnait à ses soldats une expérience qui ne coûtait pas encore de sang ; il essayait leur valeur et préludait à des victoires, Fontenelle, Pierre Ier. À la petite pointe du jour, nous nous rendîmes au stade ; il était déjà rempli d'athlètes qui préludaient aux combats, Barthélemy, Anach. ch. 38. Par de malins portraits il prélude au Méchant, Chaussard, sur Gresset. Le soleil, sur son char demi-plongé dans l'onde, De ses feux en glissant effleurait notre monde, Éclairait l'orient, et sur ce beau séjour, Tout brillant de rosée, il préludait au jour, Delille, Parad. perdu, v.

    Absolument. De la façon dont ce drôle-là prélude, il ne vous promet rien de bon, Marivaux, Double inconst. I, 4.

    L'Académie n'admet pas cet emploi absolu ; mais rien n'empêche de le recevoir.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

ÉTYMOLOGIE

Lat. praeludere, de prae, d'avance, et ludere, jouer.