« prodiguer », définition dans le dictionnaire Littré

prodiguer

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prodiguer

(pro-di-ghé), je prodiguais, nous prodiguions, vous prodiguiez ; que je prodigue, que nous prodiguions, que vous prodiguiez v. a.
  • 1Donner avec profusion. Dans les occasions essentielles, c'est ménager l'argent que de le prodiguer. Rome, sur les autels prodiguant les victimes, Fussent-ils innocents [les hommes condamnés par Néron], leur trouvera des crimes, Racine, Brit. IV, 4. Aux malheureux chrétiens prodiguez mes largesses, Voltaire, Zaïre, V, 10.
  • 2 Fig. Donner sans mesure comme fait le prodigue. Il fallait bien qu'il y eût quelque puissance ennemie de ce nom sacré [de Dieu] qui, ayant entrepris de le ravilir, poussât les hommes à l'employer dans des choses si méprisables, et même à le prodiguer à des sujets si indignes, Bossuet, Hist. II, 5. Vous lui pourrez bientôt prodiguer vos bontés, Racine, Andr. IV, 1. Il a prodigué le sang des hommes par une brutale vanité, Fénelon, Tél. X. Meurs, et que l'avenir prodigue à ta mémoire …La haine et le mépris que tu m'as inspirés, Voltaire, Adélaïde, IV, 4.

    Perdre comme fait le prodigue. Davoust finit en disant qu'ainsi périrait toute la cavalerie ; qu'au reste Murat était le maître d'en disposer, mais que, pour l'infanterie du premier corps, tant qu'il la commanderait, il ne la laisserait pas ainsi prodiguer, Ségur, Hist. de Nap. VII, 2.

    Exposer au péril. Je ne prodigue point ma santé, je mange sagement…, Sévigné, 8 juin 1689. Il prodigua son sang pour assurer au roi cette province, Fléchier, Duc de Montaus. Pour notre liberté va prodiguer ta vie, Voltaire, Brutus, IV, 6.

  • 3 Fig. Faire connaître, montrer avec un empressement excessif. C'est à vous de choisir des confidents discrets, Seigneur, et de ne pas prodiguer vos secrets, Racine, Brit. I, 4. Il excelle à conduire un char dans la carrière… à venir prodiguer sa voix sur un théâtre, Racine, ib. IV, 4.

    Donner en vain. On lui représenta [à la duchesse du Maine] que ce serait prodiguer son ressentiment que d'en avoir contre un tel homme, Staal, Mém. t. II, p. 269.

  • 4Se prodiguer, v. réfl. Être prodigué. …Chez toi se prodigue et le rouge et le fard, Boileau, Sat. X.
  • 5 Fig. Se montrer avec quelque excès dans le monde. Je me figure qu'elle [la duchesse de Choiseul] a une âme égale et constante, sans ostentation, qu'elle n'aime pas à se prodiguer dans le monde, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 25 mai 1770.

ÉTYMOLOGIE

Prodigue. On trouve au XVIe siècle prodigaliser.