« raboter », définition dans le dictionnaire Littré

raboter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

raboter

(ra-bo-té) v. a.
  • 1Dresser, aplanir avec le rabot. Raboter une planche, un parquet.

    Absolument. Tel grand va s'étonnant de voir que je rabote, Maître Adam Billaut, Œuv. p. 193, dans POUGENS. Que pensez-vous de celui qui veut scier avec un rabot, et qui prend sa scie pour raboter ? La Bruyère, II.

    Terme de maréchalerie. Passer la râpe sur le sabot d'un cheval, pour le polir et le rendre uni.

  • 2 Fig. Corriger, polir un ouvrage d'esprit. Si l'on m'accuse d'avoir raboté quelquefois les vers de ce diable de Salomon du nord, Voltaire, Lett. Thiriot, 18 févr. 1760. Comment raboter à la fois la Henriade, mes tragédies et toutes mes pièces ? Voltaire, Lett. Thiriot, 24 nov. 1738. Dans les associations dramatiques il [l'employé homme de lettres] est le piocheur ; c'est lui qui rabote le dialogue, tourne les couplets, raccommode une scène, et raccorde une coupure, Honoré de Balzac, l'Employé, ch. 9.

    Absolument. Je m'en vais raboter plus que jamais, et être aussi inflexible pour moi que je le suis pour Pollion, Voltaire, Lett. Thiriot, 29 nov. 1738. Je suis très aise qu'après avoir bien raboté en poésie, vous vous jetiez dans les profondeurs de la métaphysique, Voltaire, Lett. Helvétius, 14 août 1741.

    Il y a encore bien à raboter, se dit en parlant d'un jeune homme qui n'est pas encore façonné pour le monde, d'un homme qui a beaucoup à apprendre pour son service.

  • 3Se raboter, v. réfl. Se polir, se façonner. Mais tant plus je me lime et plus je me rabote…, Régnier, Sat. XI.

HISTORIQUE

XVIe s. Mais il faut Ton deffaut Raboter Pour oster Les gros nœuds, Marot, II, 113. Des retailleures de bois de fousteau rabotées [enlevées au rabot], De Serres, 223. La Ramée a faict une grammaire en laquelle il nombre vingt et neuf lettres ; mais pour moi j'estime que ce sont toutes fantastiqueries d'un esprit mal raboté, P. Delaudun, Art poétique, p. 18, dans LIVET, Gramm. franç. p. 204. Si ces ays ne soyent mieulx rabottez, jamays ne les joyndrez bien ensemble, Palsgrave, p. 660.

ÉTYMOLOGIE

Le même que l'ancien français rabouter, qui signifie heurter ; cette dernière signification est apparente dans raboteux, signifiant qui heurte ; cette étymologie, indiquée par Diez, paraît certaine. Rabouter est fait de re, à, et bouter. On pourrait penser à rabouter, mettre bout à bout ; mais le bourguignon raibô, inégalité, montre que c'est du verbe rabouter, le même que rebouter ou rebuter, qu'il s'agit.