« rhabiller », définition dans le dictionnaire Littré

rhabiller

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rhabiller

(ra-bi-llé, ll mouillées, et non rabi-yé) v. a.
  • 1Raccommoder, remettre en état (ce qui est le sens propre). Et d'autant que les patrons de navires et barques dudit Toulon font rhabiller et donner carène à leurs navires et barques…, Délibér. du conseil de Toulon, 19 sept. 1620, dans JAL. Il se retira, cela dit, Dans son cabinet et se mit Tant à découper des images Qu'à rhabiller de vieilles cages, Scarron, Virg. VII.

    Rhabiller la meule, la remettre en état de triturer le grain.

    Terme de pêche et de chasse. Rhabiller un filet, le raccommoder.

    Terme de fauconnerie. Rhabiller un oiseau, raccommoder le plumage d'un oiseau de proie.

  • 2 Fig. et familièrement. Rectifier ce qu'il y avait de défectueux dans une affaire ; tâcher de pallier une faute. Ils négligent la seconde gloire de la vertu, qui est de savoir rhabiller ses fautes, Guez de Balzac, 6e disc. De la cour. Combien crois-tu que j'en connaisse qui, par ce stratagème [l'hypocrisie], ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse… ? Molière, Fest. V, 2. Songez… à inventer un moyen de rhabiller votre escapade, Molière, G. Dand. III, 8. La duchesse de Berry essayait de rhabiller avec elle [sa mère] ce qu'elle lui avait dit, Saint-Simon, 309, 41.
  • 3Habiller une seconde fois. Il était déshabillé, il fallut le rhabiller.
  • 4Fournir de nouveaux habits. Rhabiller ses domestiques. Il [Turenne] avait rhabillé à ses dépens tout un régiment anglais, et l'on n'a trouvé dans son coffre que neuf cents francs, Sévigné, 9 août 1675.
  • 5Se rhabiller, v. réfl. Remettre ses habits. Nous commençâmes par chez M. de la Trousse, qui voulut bien avoir la complaisance de se rhabiller et en novice et en profès, comme le jour de la cérémonie, Sévigné, 5 janv. 1869. Un jour Patris étant revenu d'une extrême maladie à quatre-vingts ans, et ses amis s'en réjouissant avec lui, et le conviant de se lever : " Hélas ! messieurs, leur dit-il, ce n'est pas la peine de se rhabiller, ", Sévigné, à Bussy, 13 oct. 1677.
  • 6Se pourvoir de nouveaux habits. Il s'est rhabillé chez un fripier.

HISTORIQUE

XVe s. Leur navire fort gastée, et mirent tant à se rabiller, qu'ils ne servirent de rien, Commines, VII, 10.

XVIe s. Si de soy mesme c'est un homme mal nay, l'empire de l'univers ne le sçauroit rabiller, Montaigne, I, 328. Au lieu de rabiller nostre faulte, nous la redoublons, Montaigne, I, 396. La France est si peuplée et si fertile, que ce que la guerre a gasté en un an, se r'habille en deux, Lanoue, 160. Lesquelles [maisons] venans entre les mains d'un bon mesnager, il en r'habille quelque petit coin, les rendant logeables, Lanoue, 234. Le grand plaisir que m'avoit fait la lecture de cet historien [Hérodote] … m'auroit fait oublier la peine que j'aurois prise à rabiller plusieurs et presque infinis passages de l'interpretation latine, H. Estienne, Apol. pour Hérod. à un ami.

ÉTYMOLOGIE

Re…, et habiller ; wallon, rabii.