« salière », définition dans le dictionnaire Littré

salière

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

salière

(sa-liè-r') s. f.
  • 1Pièce de vaisselle pour mettre du sel. Salière de faïence, d'argent.

    Une superstition vulgaire regarde une salière renversée comme une annonce de malheur. Il [Montrevel] avait les misères des femmes qui l'avaient fait subsister : il ne craignait rien tant qu'une salière renversée, Saint-Simon, 447, 241. Verrons-nous, sans pâlir, tomber notre salière ? Racine L. Religion, V.

    Il ouvre les yeux grands comme des salières, se dit quand un homme regarde attentivement et avec avidité quelque chose. Dans le moyen âge, la salière, avec la nef, était, sur la table, la pièce importante, et ce rôle lui resta si tard, que François Ier, ayant sous la main le plus grand orfévre de l'Italie, ne sut mieux faire que de lui commander une salière, De Laborde, Emaux, p. 489. La salière servait aussi à faire l'épreuve ou l'essai des mets, et, à cet effet, elle était entourée de langues de serpent, De Laborde, ib. p. 489.

  • 2Petit vaisseau de bois où l'on met du sel ; on le pend au jambage de la cheminée de la cuisine pour tenir le sel sèchement.
  • 3L'enfoncement plus ou moins profond qui se remarque au-dessus de l'œil dans le cheval. Les vieux chevaux ont ordinairement les salières creuses ; mais cet indice est équivoque, Buffon, Quadrup. t. I, p. 50. Si c'est pour la selle qu'on achète le cheval, on examinera s'il a la tête petite, sèche et bien placée, les salières élevées, Genlis, Mais. rust. t. I, p. 189, dans POUGENS.
  • 4 Populairement. Le vide qui existe derrière la clavicule, chez les personnes maigres. Cette femme montre ses salières.
  • 5Outil de lapidaire.

HISTORIQUE

XIIIe s. Tant qu'il fu ore de mangier, Et que les napes furent mises, Et desus les tables asises Et les salieres et li pains, Ren. 22773.

XIVe s. La grande salliere, à façon d'une nef, que la ville de Paris donna au roy, De Laborde, Émaux, p. 490.

XVe s. Une salliere d'agathe, dont le couvercle est d'or, assise sur quatre roes d'or, en maniere d'un chariot, et au bout du moyeu de chacune roe a une perle, De Laborde, ib. La saliere doit être au milieu de la table, De Laborde, ib.

XVIe s. [chez le cheval] Les salieres de dessus les sourcils sortans en dehors ; grande gueule et bien fendue pour le facile bridement, De Serres, 301.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, salîr, coffre où l'on garde le sel ; provenç. saliera, saleira ; ital. saliera ; du lat. sal, sel.