« tablier », définition dans le dictionnaire Littré

tablier

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tablier [1]

(ta-bli-é ; l'r ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie : des ta-bli-é-z en ivoire) s. m.
  • 1Anciennement, la table, non pas seulement du jeu des tables, mais de tous les jeux qui se jouent avec des pièces mobiles sur une surface plane.

    Petite table distinguée par des carrés de deux différentes couleurs pour jouer aux échecs aux dames.

  • 2La totalité d'un trictrac, divisée en deux parties subdivisées chacune en deux tables.
  • 3Parquet d'un pont suspendu.

    Ensemble des poutres et des planches qui forment une des travées d'un pont de charpente

    Partie supérieure d'un pont militaire, sur laquelle se fait le passage.

  • 4Support en bois ou en pierre sur lequel pose une ruche.
  • 5 Terme de sculpture. Ornement sculpté sur la face d'un piédestal.
  • 6Anciennement, nom donné à des bureaux de recette des droits du roi, en certaines provinces. Et la nouvelle imposition qui fut établie en 1599… elle a été créée pour être levée de tablier en tablier, et lesdits tabliers sont composés de certain nombre de paroisses [hors desquelles les marchandises ne peuvent sortir sans payer le droit], Édit, sept. 1664.

HISTORIQUE

XIIIe s. Monsieur Gautier en fu le miex paié ; car il jeta tous les deniers qui estoient sus le tablier, dont il y avoit grant foison, Joinville, 253.

XIVe s. Li taule rouge est eslevée ou taulier, Hist. litt. de la Fr. t. xxv, p. 54. Un tablier de fust garny de jeux de tables et d'eschez, De Laborde, Émaux, p. 509.

XVe s. Ung tablier de marbre blanc et noir, bordé par dedens, ouvré tout autour à ymaiges de petiz enfans nuz, et est percié, entre le tablier et l'eschiquier, à mectre une petite layette de bois où sont les tables et eschecz de yvoire blanc et noir, De Laborde, ib. p. 510. Vivres, tabliers, cartes aurons, Où souvent nous estudierons, Orléans, Chanson 96. Les supplians commencerent à s'en partir d'illec pour eulx en aler en ung tablier ou ouvrouer d'escripture… où avoient acoustumé escrire et exercer fait de pratique, Du Cange, tabularium.

XVIe s. Ceulx qui par certains jeux de tablier apprennent l'arithmetique et la geometrie, Montaigne, I, 195. Il declara au receveur general que toutes les finances de sa generalité et celles de Picardie et Bourgoigne, qui se devoient rapporter par commandement exprès de sa majesté à son tablier…, Carloix, V, 3. Je presente seulement les choses et les estalle comme sur le tablier, Charron, Sagesse, Préf. de la 2e éd. Il n'est permis à aucun voisin ou habitant de la ditte ville, vendre, trancher ou poiser chair en detail aux tabliers [étaux] communs de la ditte ville, s'il n'a premierement fait et presté le serment en tel cas accoustumé, Coust. gén. t. II, p. 698. Ils poursuivirent leurs desseins avecques telle opiniastreté, qu'en fin de jeu ils demeurerent maistres du tablier, c'est à dire paisibles possesseurs du royaume d'Angleterre, Pasquier, Rech. I, p. 31, dans LACURNE. Nostre vie ressemble à un jeu de tablier : si les dez ne viennent à propos pour nous, nous rengeons par artifice à nostre profit ce qui est venu par sort et hazard, Nature d'amour, f° 148, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. taulier ; du lat. tabularium, de tabula, table, planche.