« vautrer.2 », définition dans le dictionnaire Littré

vautrer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

vautrer [2]

(vô-tré) v. a.
  • 1Rouler dans la boue. Il l'a gourmé et l'a vautré dans la boue, Richelet.

    Par extension. Lorsqu'il est vautré dans son lit, Galiani, Corresp. t. I, p. 228, dans POUGENS.

  • 2Se vautrer, v. réfl. S'enfoncer, se rouler dans la boue. Il [un sanglier] s'y vautre sans cesse, et chérit un séjour Jusqu'alors ignoré des mortels et du jour, La Fontaine, Adonis.

    Par extension, se vautrer sur un lit, sur l'herbe. Et le grison se rue Au travers de l'herbe menue, Se vautrant, grattant et frottant, Gambadant, chantant et broutant, La Fontaine, Fabl. VI, 8.

    Fig. Se vautrer dans le vice, dans la débauche, dans les voluptés, s'y abandonner entièrement. Violant toutes sortes de lois, se vautrant, comme des pourceaux, dans toutes sortes d'ordures, Muret, Cérém. fun. p. 226, dans POUGENS.

HISTORIQUE

XIIe s. Li sors Geris le destrier pormena ; Trois fois se viutre, sor lez piés se dreça ; Si fort heni que la terre sonna, Raoul de C. 133.

XIIIe s. Entor le fou [fouteau, hêtre] a fet la tresche ; Puis se coucha sur l'erbe fresche ; Vostrez s'i est et refroidiez, Ren. 7199. Par terre se voltrent et hercent Si durement que les piax percent ; à dens agues se detrenchent, ib. 12933. Nature qui est de vin gloute [gloutone], De legier en pechié se voutre, Guersai.

XVe s. À la septiesme course, au joindre des lances, le destrier de messire Enguerrant se voistra, J. de Saintré, ch. 36.

XVIe s. Tousjours se vaultroit par les fanges, Rabelais, Garg. I, 11. Je me suis vaultré six ou sept tours parmi le lict, devant que me lever, Rabelais, I, 21. Que me veulx tu donner ? et je me voystrerai despuis le coupeau de ceste montaigne jusques à terre, Palsgrave, p. 771. Faire eriger ce tombeau superbe de marbre à ses pauvres os [de Lautrec], qui trainoient et vautroient miserablement et chestivement en une cave où ses gens l'avoient enterré sans aucune forme de pompe funebre, Brantôme, Capit. franç. t. I, p. 169. Je hais qu'on nous ordonne d'avoir l'esprit aux nues, pendant que nous avons le corps à table ; je ne veulx pas que l'esprit s'y cloue, ny qu'il s'y veautre, Montaigne, IV, 295.

ÉTYMOLOGIE

Diez le tire du latin volvere, rouler, par l'intermédiaire d'une forme voltulare, qui est dans l'italien voltolare. Mais les formes viutrer, voitrer vont mieux au latin veltris, vautre (voy. ce mot) qui est un chien qui va dans la fange comme le sanglier.