« vautour », définition dans le dictionnaire Littré

vautour

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

vautour

(vô-tour) s. m.
  • 1Gros oiseau de proie, à tête et à col nus (genre de rapaces diurnes). [Le sénat romain dont plus de la moitié offre] Une indigne curée aux vautours de Pharsale, Corneille, Pomp. I, 1. La nation entière est promise aux vautours, Racine, Esth. II, 1. On distinguera toujours un aigle d'un vautour par un caractère évident : l'aigle a la tête couverte de plumes, au lieu que le vautour l'a nue et garnie d'un simple duvet, Buffon, Ois. t. I, p. 91.

    Par extension. Dans ce temps de brigandages militaires et ecclésiastiques, Attila passe comme un vautour, et les Vénitiens se sauvent dans la mer comme des alcyons, Voltaire, Dict. phil. Venise.

    Fig. Ces lâches satires où l'on ménage le vautour, et où l'on déchire la colombe, Voltaire, Babouc.

    Peau de vautour, la peau du ventre du vautour préparée et garnie de son duvet.

  • 2Le vautour de Prométhée, vautour qui, suivant la Fable, rongeait éternellement le foie de Prométhée, et qui est devenu l'emblème des remords et des soucis. Les hommes sont, Philandre, autant de Prométhées, Et leurs soins infinis sont autant de vautours, Gombault, Ep. Liv. III, dans RICHELET. Des soucis dévorants c'est [la richesse] l'éternel asile ; Véritables vautours, que le fils de Japet Représente, enchaîné sur son triste sommet, La Fontaine, Phil. et Baucis. Je ne crains point la cruelle longueur D'une prison où le sort vous oublie, Ni les vautours de la mélancolie, La Fontaine, Poés. mêlées, XLIII. Tous les criminels [des enfers], résolus de ne pas vous obéir [à vous Pluton], ont pris les armes ; j'ai rencontré là-bas Prométhée avec son vautour sur le poing, Boileau, Héros de romans.

    D'après un autre récit de la Fable, c'est Titye dont le foie est rongé par les vautours.

  • 3 Fig. Homme avide et rapace. À ces vautours de la société, Qui, comme l'eau, boivent l'iniquité, Rousseau J.-B. Épît. I, 6. Il n'est bon ni pour vous ni pour moi que je sache que la nature m'a fait vautour, Diderot, Ess. sur la vertu.

    Fig. et populairement. Propriétaire exigeant et dur. Cette dénomination date du succès d'une petite pièce de Désaugiers, M. Vautour ou le propriétaire sous le scellé, représentée en 1806.

  • 4Nom que l'on a donné quelquefois aux constellations de la Lyre et de l'Aigle. Afin de les distinguer, il faut avoir soin de dire Vautour tombant quand il s'agit de la Lyre, et Vautour volant pour parler de l'Aigle, Legoarant

HISTORIQUE

XIIIe s. Voltour si est un grans oisiaus semblables à une aigle, Latini, Trésor, p. 220. Cil qui t'aime por son profit est semblables au corbel ou au voltour qui touzjors suient la charoigne, Latini, ib. p. 431.

XIVe s. Est il homme qui sente comme fait ung oisel que on appelle voultoir, qui sent sa proye de une lieue loing ? Modus, f° XXV, verso. À Remus apparurent premierement sex vouteurs, Bercheure, f° 9.

XVIe s. Prenons qu'il [Bèze] ne soit pas mort : cette nouvelle a toujours servy d'une peau de vautour à l'estomach de quelque catholique debile, D'Aubigné, Conf. II, VI. Les embourreures de mon pourpoinct ne me servent plus que de garbe ; ce n'est rien, si je n'y adjouste une peau de lievre ou de vautour, Montaigne, IV, 289. … L'amour cruel Qui luy ronge le cœur, vautour perpetuel, Desportes, Angelique, 1. Le vautour de Titye est la peine où je dure, Desportes, Diane, II, 53.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. voltor, voutor ; ital. avoltore, avoltojo ; du lat. vulturius, vautour, qui, ayant l'accent sur tu, a donné les formes ci-dessus. Au contraire vulturem, ayant l'accent sur vul, a donné en espagnol buitre. Vulturius, vultur, viennent de vellere : l'arracheur, le ravisseur.