« assiéger », définition dans le dictionnaire Littré

assiéger

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

assiéger

(a-sié-jé), j'assiége, nous assiégeons ; j'assiégeais ; j'assiégeai ; j'assiégerai ; j'assiégerais v. a.
  • 1Faire le siége d'une place. On sait que Louis foudroie les villes plutôt qu'il ne les assiége ; et tout est ouvert à sa puissance, Bossuet, Marie-Thérèse. [Il] Nous surprend, nous assiége et fait un tel effort, Que, la ville aux abois, on lui parle d'accord, Corneille, Rodog. I, 6.
  • 2 Par extension, se presser autour. Les curieux assiégeaient la porte du tribunal. Les vents déchaînés assiégent les rochers sourcilleux. Du palais cependant il assiége la porte, Racine, Esth. II, 1. Je n'assiége pas la porte des grands, Bossuet, III, Vêtur. 3. Ceux-ci de la faveur assiégent les sentiers, Lamartine, Harm. IV, 11.
  • 3 Fig. Obséder, importuner, poursuivre. Il m'assiége de ses supplications, de ses plaintes. Ses créanciers l'assiégent à toute heure. Ce souvenir m'assiége. Beaucoup de maux assiégent la vieillesse. Mathan… Plus méchant qu'Athalie à toute heure l'assiége, Racine, Athal. I, 1. Il viole en un jour les droits des souverains, Ceux même des autels où ma fureur l'assiége, Racine, Andr. V, 4. Les discours flatteurs assiégent leur trône, Massillon, Tent. Le révérend père vint assiéger ses derniers moments, Voltaire, L'h. aux 40 écus. Non qu'après tout Valois [Henri III] ait un cœur inhumain, Mais l'exemple du crime assiégeait sa jeunesse, Voltaire, Henr. II.

HISTORIQUE

XIe s. En Saragoze vous viendrat aseger, Ch. de Rol. XXX.

XIIe s. David se cureçad forment, e assejad la cited, e prist la tur de Syon, ço est la cited David, Rois, 137. En vain se travilleroit por esleveir noz cuers, s'il ne savoit ke li creeres de nostre salveteit fust assigiez [assis] en ciel, Saint Bernard, 525. E il les avironerent tot en tor e les assegierent, Machab. I, ch. 6. Ainz que passast la matinée, Orent lur gent tute ordenée, Des or est Paris assegiez, Benoit de Sainte-Maure, II, 3999.

XIIIe s. Et bien cuidoit certainement que ce fussent Grieu qui le venissent assegier, Villehardouin, CLXII. Einsi se logea li os, et fu Jadres assegié droit au jor de feste Saint-Martin, Villehardouin, XLVI. De joste lui [il] l'a aseigié [assis], Ren. 15131. Un jor que li dux repaira, Molt ot grant gent, si aseja La cité, e tendi ses tentes, Grégoire le Grand, p. 58.

XVe s. Si issirent de Nantes et allerent assieger Rennes tout autour, Froissart, I, I, 170.

XVIe s. Nostre chevet assiegé de medecins et de prescheurs, Montaigne, I, 90. Leurs affaires vous tiennent encore assiegée [occupée], Montaigne, II, 69.

ÉTYMOLOGIE

Berry, assiéger, assiéter, assiter, asseoir ; provenç. assetjar, assetiar, asetiar ; catal. assetjar, assitiar ; espagn. asediar ; ital. assediare ; bas-lat. assediare, avec les deux sens de donner un siége et mettre le siége ; de ad, à, et d'une forme barbare sedia dérivée de sedes (voy. SIÉGE, et, pour les formes qui ont un t, ASSIETTE).