« brut », définition dans le dictionnaire Littré

brut

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

brut, brute

(brut', bru-t' ; le t se prononce au masculin, même devant un mot commençant par une consonne ; il se prononce aussi au pluriel : des esprits brut') adj.
  • 1Qui n'a rien que de grossier et d'informe, en parlant des animaux. De tous les quadrupèdes, le cochon paraît être l'animal le plus brut, Buffon, Cochon. C'est ainsi que devaient naître [de la terre et de l'eau] ces âmes vivantes d'une vie brute et bestiale [les bêtes], Bossuet, Hist. II, 1.
  • 2 Fig. Sans culture, sans éducation, sans politesse. Un homme, un caractère brut.

    Familièrement. C'est une bête brute, une personne stupide.

  • 3Qui est dans son premier état, avant toute main-d'œuvre. Matière brute. Vous avez merveilleusement bien taillé et admirablement mis en œuvre ces pierres que je vous avais envoyées toutes brutes, Voiture, Lett. 126. Nous avons encore du plaisir, lorsque nous voyons un lieu brut et champêtre, Montesquieu, Goût, Cur.

    Terrain brut, terrain qui n'a pas encore été cultivé.

    Fig. L'éducation qui d'ordinaire dans les autres hommes embellit ou cultive un fonds encore brut ou ingrat…, Massillon, Villeroy.

    En termes d'histoire naturelle, corps bruts, les minéraux, par opposition aux corps organisés (végétaux et animaux).

  • 4 Terme de finance, d'agriculture, d'exploitation, etc. Produit brut, la totalité d'un produit avant la déduction des frais.

    Recette brute d'un spectacle, d'un concert, tout ce qui a été reçu à l'entrée de la salle.

  • 5Qui n'est qu'à l'état d'ébauche. Cette statue est encore brute.
  • 6Patente brute, voy. PATENTE.
  • 7 S. m. Cela nous prouve que la nature ne tend pas à faire du brut, mais de l'organique, Buffon, Animaux reprod.
  • 8Adverbialement. Ce boucaut de sucre pèse brut cent kilogrammes, c'est-à-dire en comprenant dans le poids le fût et l'emballage.

REMARQUE

Plusieurs bons auteurs ont écrit, avec un e final, brute au masculin comme au féminin. Que lui reviendrait-il de ces brutes ouvrages ? Voltaire, De la liberté. Moi ! complaire à ce peuple, aux monstres de Scythie, À ces brutes humains pétris de barbarie ! Voltaire, Scyth. V, 4. Il n'y a aucune raison pour ne pas imiter, en poésie, cet exemple.

HISTORIQUE

XIVe s. Il souffri que l'en li bailla le sournom de Brutus, pour ce que il se portoit à guise d'une beste brute, Bercheure, f° 26, recto.

XVIe s. Les choses estoient encore brutes et très incertaines…, Mém. s. Du G. ch. 19. J'ay veu aultrefois parmy nous des hommes amenez par mer de loingtain païs, desquels parce que nous n'entendions aulcunement le langage… qui de nous ne les estimoit et sauvages et brutes ! Montaigne, II, 178. Le capitaine de l'ille d'Ischie advertit par trois volées de canon que la mer estoit brute ; ils usent de ces mots pour dire qu'il y a des corsaires en mer, Brantôme, Cap. estrang. t. II, p. 62, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. brut ; espagn. et ital. bruto, brute, et brutto, laid ; du latin brutus, lourd, pesant, stupide.