« dépravation », définition dans le dictionnaire Littré

dépravation

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dépravation

(dé-pra-va-sion ; en poésie, de cinq syllabes) s. f.
  • 1Changement moral en mal. La dépravation du siècle, des mœurs. Encore que son fond [de l'idolâtrie] fût une ignorance brutale et une entière dépravation du sens humain, elle voulait se parer de quelque raison, Bossuet, Hist. II, 12. La tyrannie des passions et la prodigieuse malignité du cœur humain toujours porté à faire le mal ; la postérité de Seth, fidèle à Dieu malgré cette dépravation, Bossuet, ib. I, 1. Si donc il est né des sectes dans l'ancienne Église, ç'a été par la commune et invétérée dépravation du genre humain, Bossuet, Var. XV, § 125. Un premier âge passé loin des périls vous a caché jusqu'ici toute la dépravation d'un monde corrompu, Massillon, Profession relig. serm. 1. Il régnait partout une extrême dépravation de mœurs et de sentiments, Fontenelle, Czar Pierre. Une dépravation de jugement qui doit blesser tout esprit raisonnable, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. VI, p. 628, dans POUGENS. On dit que c'est là [la sauvagerie] la véritable vie de l'homme, et que la société n'est qu'une dépravation artificielle, Voltaire, Dial. 8.
  • 2 Terme de médecine. Altération. La dépravation du sang, des humeurs.

    Dépravation du goût, de l'appétit, de l'odorat, état dans lequel ces sensations, produites par les organes de nos sens, se montrent avec un caractère insolite et bizarre.

    Fig. En parlant du goût dans les lettres et les beaux-arts. La dépravation du goût dans les arts a toujours été un indice et une suite de celle de la littérature, Rollin, Traité des Ét. Disc. prélim. p. LXXXIX, dans POUGENS.

  • 3Il se dit quelquefois d'un texte ancien altéré par les copistes. La dépravation du texte de Plutarque donna beaucoup de peine à Amyot.

SYNONYME

DÉPRAVATION, CORRUPTION. Une âme dépravée est, étymologiquement, une âme qui a cessé d'être bonne, qui est devenue mauvaise ; une âme corrompue est une âme qui s'est gâtée. Ces deux mots expriment donc un changement en mal, avec cette nuance que dépravation n'indique rien sur le procédé qui a produit l'altération ; tandis que corruption montre qu'il y a eu concours, mélange, fermentation d'éléments impurs.

HISTORIQUE

XVIe s. À fin qu'ils n'acquierent ignorance au lieu de sçavoir, et depravation, au lieu de temperance, Lanoue, 123. Tout cela perdra son lustre, et ne sera mis en conte, si leurs depravations continuent, Lanoue, 189. La defectuosité, corruption et depravation miserable du texte original grec, Amyot, Moral. Épît. p. 15. Nos jugements sont malades et suyvent la depravation de nos mœurs, Montaigne, I, 264.

ÉTYMOLOGIE

Lat. depravatio, de depravare, dépraver.