« falsifier », définition dans le dictionnaire Littré

falsifier

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falsifier

(fal-si-fi-é), je falsifiais, nous falsifiions, vous falsifiiez ; que je falsifie, que nous falsifiions, que vous falsifiiez v. a.
  • 1Altérer avec dessein de tromper. Falsifier l'écriture, un seing, une date, un sceau, un cachet. J'ai pris soin de ne pas falsifier le sens d'un passage, Pascal, Prov. 11. On dit qu'ils [les jésuites] prouvent dans un de ces mémoires que le parlement a falsifié et tronqué les passages de leurs constitutions, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 31 oct. 1761.
  • 2Altérer une substance par un mélange. On n'y voit point de vin que l'on ne falsifie, Boursault, Fabl. d'Ésope, II, 6. Celle [la civette] qu'on tire de Guinée serait la meilleure de toutes, si les nègres, ainsi que les Indiens et les Levantins, ne la falsifiaient en y mêlant des sucs de végétaux, comme du ladanum, du storax et d'autres drogues balsamiques et odoriférantes, Buffon, Quadrup. t. III, p. 359, dans POUGENS.
  • 3Falsifier de la monnaie, en altérer la valeur.
  • 4Ne pas rendre, ne pas rapporter les choses telles qu'elles sont. Les anciens qui ont écrit que Thémistocle et d'autres s'étaient empoisonnés avec du sang de taureau, falsifiaient à la fois l'histoire et la nature, Voltaire, Dict. phil. Taureau. Brumoy a déguisé autant qu'il l'a pu ce dialogue, comme il a falsifié presque toutes les pièces qu'il a traduites [des tragiques grecs], Voltaire, Dict. phil. Art dramatique.
  • 5Donner une fausse apparence. D'ailleurs, ce grand courroux pourrait-il être feint ? Aurait-il pu sitôt falsifier son teint, Et si bien ajuster ses yeux et son langage à ce que la fureur marquait sur son visage ? Corneille, la Suiv. IV, 9.
  • 6Falsifier les clefs, faire de fausses clefs. Romulus permit au mari de répudier sa femme, si elle avait commis un adultère, préparé du poison ou falsifié les clefs, Montesquieu, Esp. XVI, 16.
  • 7 Terme de manége. Falsifier les allures d'un cheval, les rendre fausses, les faire tourner de bien en mal.
  • 8Se falsifier, v. réfl. Être falsifié. Tout se viole et tout se falsifie, Lamotte, Fabl. II, 7.

HISTORIQUE

XVIe s. Ma conscience ne falsifie pas un iota, Montaigne, I, 203. Elle estoit bien advertie comment l'edict de paix se falsifioit [faussait] par tout, D'Aubigné, Hist. I, 200. … De n'ouvrir point leurs portes à gens de guerre, soubs une simple lettre de cachet que l'on falsifie souvent, Carloix, VIII, 7. Ils vendent leur theriaque falsifié bien et cherement, Paré, XXIII, 30.

ÉTYMOLOGIE

Lat. falsificare, de falsus, faux (voy. FAUX 1), et facere, faire.