« importuner », définition dans le dictionnaire Littré

importuner

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

importuner

(in-por-tu-né) v. a.
  • 1Fatiguer en qualité d'importun. Vous avancerez plus en m'importunant moins, Corneille, Poly. III, 4. C'est trop m'importuner en faveur d'un sujet, Corneille, Nicom. III, 2. De ma présence encor j'importune vos yeux, Racine, Bérén. III, 3. Quelque esprit qu'on ait, on n'est point plaisant pour ceux qu'on importune, Hamilton, Gramm. 4. Ne retenant de son rang que le privilége de pouvoir être importuné, Massillon, Or. fun. Villars. Je vous prie de me laisser en repos, et de ne m'importuner plus de vos querelles, Montesquieu, Lett. pers. X. On dit que Louis XI, faisant un jour réciter une oraison à saint Eutrope, pour demander la santé de l'âme et du corps, dit au prêtre qui la récitait, de supprimer ce qui regardait l'âme, et que c'était assez que le saint lui fît avoir la santé du corps, sans l'importuner de tant de choses, Duclos, Hist. Louis XI, Œuv. t. III, p. 361, dans POUGENS. Je fais scrupule de l'importuner trop souvent par mes lettres, D'Alembert, Lett. au roi de Prusse, 18 déc. 1769.

    Importuner, avec la préposition de et un verbe à l'infinitif. Aussi ne pensez pas que je vous importune De payer mon amour…, Corneille, Théod. III, 3.

    Fig. et poétiquement. Importuner les dieux, le ciel de ses prières, de ses vœux, adresser incessamment des prières, des vœux à la Divinité. Le ciel même en secret semble la condamner : Ses vœux depuis quatre ans ont beau l'importuner, Racine, Brit. II, 3. Seigneur, j'irai remplir le nombre des vestales, Ne lui disputez plus [à Britannicus] mes vœux infortunés ; Souffrez que les dieux seuls en soient importunés, Racine, ib. III, 8. Mon cœur, lassé de tout, même de l'espérance, N'ira plus de ses vœux importuner le sort, Lamartine, Méd. I, 6.

  • 2Il se dit aussi des choses qui sont importunes. Trissotin : Peut-être que mes vers importunent madame. - Henriette : Point ; je n'écoute pas, Molière, F. sav. III, 2. Mon arc, mes javelots, mon char, tout m'importune, Racine, Phèdre, II, 2. Ce temple l'importune [Mathan], et son impiété Voudrait anéantir le dieu qu'il a quitté, Racine, Athal. I, 1.

    Absolument. Le bruit importune.

  • 3S'importuner, v. réfl. Être inquiété. De quel soin votre amour va-t-il s'importuner ? Racine, Bérén. II, 4.

HISTORIQUE

XVIe s. Or vous feroys-je voluntiers une requeste, c'est que vous ne m'importunassiez plus par vos menuz jargons, Despériers, Cymbal. 135. Une bien amante, bien requise, pressée et importunée, et toutefois femme de bien, victorieuse de son corps et de son ami, Marguerite de Navarre, Nouv. IX. Ceulz qui sans vergongne pressent et importunent ceulx de qui ilz veulent obtenir aucune chose desraisonable, Amyot, Brut. 6. Ses creanciers vindrent crier après luy et l'importuner pour estre payez sur son partement ; et, ne pouvant chevir à eulx, il fut contraint de recourir à Crassus, Amyot, César, 13.

ÉTYMOLOGIE

Importun.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

IMPORTUNER. Ajoutez :
4S'importuner, être ennuyé, fatigué. Chrysippe… s'importunait tellement d'être salué, qu'il en était à la mort, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne. Il y en a qui s'importunent de faire et voir toujours les mêmes choses, Malherbe, ib. Il fuyait maintenant le monde et s'importunait d'une façon visible du faste de sa maison, H. Rivière, Rev. des Deux-Mondes, 15 juil. 1872, p. 278.