« miette », définition dans le dictionnaire Littré

miette

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

miette

(miè-t') s. f.
  • 1Petite partie qui tombe du pain quand on le mange ou qu'on le coupe. Il est vrai, Seigneur, mais les petits chiens mangent au moins sous la table des miettes du pain des enfants, Sacy, Bible, Évang. St Marc, VII, 28. Quelques misérables aumônes, faibles et inutiles secours d'une extrême nécessité, que nous répandons d'une main avare, comme une goutte d'eau sur un brasier, ou une miette de pain dans la faim extrême, Bossuet, 2e sermon, Pentecôte, 2. Et comme l'oiseau sans asile, Tu vas glanant de ville en ville Les miettes du pain étranger, Lamartine, à Mme Desbordes-Valmore.

    Fig. Vous disiez qu'elle [Pauline, la fille de Mme de Grignan] avait un esprit qui dérobait tout… elle a entendu M. de Vendôme… et se saisit ainsi de toutes les miettes qui tombent, dont elle vous surprend dans les occasions, Sévigné, mars 1690.

    Mettre en miettes, briser, mettre en pièces. Tout concourait dans M. le duc d'Orléans à ce qu'il fût ravi de se voir enfin en état de briser un colosse [les bâtards] sous lequel il avait été si près d'être écrasé, et de pouvoir le mettre en miettes, Saint-Simon, 450, 56. À propos de folies, on m'a mandé que la moitié de Paris croyait fermement que, ouï le rapport de M. de Lalande, une comète passerait aujourd'hui, 20 de mai, au bord de notre globule, et le mettrait en miettes, Voltaire, Lett. d'Alemb. 20 mai 1773.

  • 2Un très petit morceau de quelque chose à manger. Vous ne lui en avez donné qu'une miette. La cigogne au long bec n'en put attraper miette [du brouet servi par le renard], La Fontaine, Fabl. I, 18. Nul ne court à leur aide [des pauvres] ; hélas ! ils ne vous demandent que le superflu, quelques miettes de votre table, quelques restes de votre grande chère, Bossuet, Sermons, Impénit. fin. 3.

    Fig. Ce monde-ci est une grande table où les gens d'esprit font bonne chère ; les miettes sont pour les sots, et, certainement, vous êtes homme d'esprit, Voltaire, Lett. au P. Menou, jésuite, 11 juill. 1760. M'est-il tombé des miettes de fortune, Tout bas je dis : ce pain ne m'est pas dû, Béranger, à mes amis ministres.

HISTORIQUE

XIVe s. Le deable fait six commandemens à l'avaricieux… le quint [le cinquième] qu'il ne fasse miectes ne relief, Ménagier, I, 3.

XVIe s. La miete de deux pains blancs destrempée en vin blanc, De Serres, 947. La miette qui est dedans le pain est meilleure et a plus grand et leger nourrissement que la crouste de dessus, les Triomphes de la noble dame, f° 115, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Diminutif de mie 1 et 2 ; Berry, mijette, mie de pain et miette ; wallon, milète, miète, miette et mie ; basse Normandie, un miot, une miette, et dit aussi pour mie négatif.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MIETTE. - HIST. Ajoutez : XIIIe s. Tuit me despisent mandiant, ne ne saolent de lor miates lou famillant [celui qui a faim], Arch. des miss. scient. 3e série, t. I, p. 277 (texte d'Épinal)