« octroyer », définition dans le dictionnaire Littré

octroyer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

octroyer

(o-ktro-ié ; plusieurs disent o-ktroi-ié. l'y se change en i, quand un e suit : j'octroie, j'octroierai, j'octroyais, nous octroyions, vous octroyiez ; que j'octroie, que nous octroyions, que vous octroyiez) v. a.
  • Concéder, accorder. Que cette âme de roche une grâce m'octroie, Malherbe, V, 6. Je ferais une faute indigne de pardon, Si je vous octroyais un si funeste don, Mairet, Sophon. IV, 5. Jean amoureux de la jeune Perrette, Ayant en vain auprès d'elle employé Soupirs, serments, doux jargon d'amourette, Sans que jamais rien lui fût octroyé, La Fontaine, Promettre. C'est une liberté qu'il faut qu'elle m'octroie, Molière, D. Garc. IV, 6. Quelque demande que je lui fasse, il demeure toujours libre de l'octroyer ou de la nier, Pascal, Prov. VIII. Quel est ce grand secours que son bras nous octroie ? Racine, Alex. II, 2. L'aveu que ma bouche octroya Mit les droits de l'homme à quia, Béranger, Prétint.

HISTORIQUE

XIe s. Tutes vos ames otreit il [que Dieu octroie à toutes vos âmes] pareïs [paradis], Ch. de Rol. CXXXVIII.

XIIe s. Ainz me convient otroier et graer Les volentés de mon cuer sans defaire, Couci, II. Douce dame, car m'otroïez pour Dé [Dieu] Un douz regart…, ID. XIV. Bien vus otrei [je vous accorde] que seient li clerc desordené [privés de leur caractère], Tuit cil ki mais serunt à tel mesfait trové, Th. le mart. 27.

XIIIe s. Et li marchis li otria que il i alast, Villehardouin, CXXXIII. Cestui veulent [les dames] et à cestui s'otroient, Cestui tienent, cestui laissent aler, Quesnes, Romancero, p. 87. Cil n'a pas sapience en soi, qui par desor toutes coses n'otrie son cuer à l'amour de Dieu, Beaumanoir, I, 3.

XIVe s. Chascun ottrée [accorde] que fortitude est bonne, Oresme, Eth. 81.

XVe s. Et octroya courtoisement [Jean de Hainaut à la reine Isabelle] le demeurer jusques à la volonté de madame la roine, Froissart, I, I, 25. Et très voulentiers et bien liberallement ilz les octroyent [les aides ou subsides], Commines, IV, 1.

XVIe s. Les dieux punirent griefvement les iniques vœux d'œdipus, en les lui octroyant, Montaigne, I, 404. Assez octroye qui mot ne dit, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. autroyai ; provenç. autreiar, auctorgar ; anc. catal. autreiar ; espagn. otorgar ; portug. outorgar ; ital. otriare ; du lat. fictif auctoricare, dérivé de auctorare, autoriser (voy. ce mot).