« ours », définition dans le dictionnaire Littré

ours

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ours

(ours' ; quelques personnes prononcent our, ce qui est préférable) s. m.
  • 1Genre de mammifères plantigrades contenant comme espèces les plus connues : l'ours brun d'Europe, l'ours noir d'Amérique et l'ours blanc de la mer Glaciale. Nul animal n'avait affaire Dans ces lieux que l'ours habitait ; Si bien que, tout ours qu'il était, Il vint à s'ennuyer de cette triste vie, La Fontaine, Fabl. VIII, 10. Les Philistins défaits et les ours même déchirés de ses mains [de David] ne sont rien en comparaison de sa grandeur qu'il a domptée, Bossuet, Mar.-Thér. Mais, sans examiner si vers les antres sourds L'ours a peur du passant, ou le passant de l'ours, Boileau, Sat. VIII. [Achille]… Qui, si l'on nous fait un fidèle discours, Suça même le sang des lions et des ours, Racine, Iphig. IV, 1. L'ours vit vingt ou vingt-cinq ans, et le temps de la gestation et celui de l'accroissement sont ordinairement proportionnés à la durée de la vie, Buffon, Quadrup. t. III, p. 30.

    Les ours de Berne, ours qui sont nourris à Berne aux frais du public. Hagenbach disait… de Berne : L'ours ! nous allons bientôt en prendre la peau pour nous faire une fourrure, Michelet, Hist. de France, t. VI, p. 338.

    Lécher l'ours, se dit de la mère ourse que l'on supposait donner la forme à son petit en le léchant. Certain ours montagnard, ours à demi léché, La Fontaine, Fabl. VIII, 10. Son menton nourrissait une barbe touffue ; Toute sa personne velue Représentait un ours, mais un ours mal léché, La Fontaine, ib. XI, 7.

    Fig. Lécher l'ours, étudier un travail, une affaire. Il est temps désormais que le juge se hâte ; N'a-t-il pas assez léché l'ours ? La Fontaine, Fabl. I, 21. Joubert, qui a eu de la réputation et qui, en effet, plaidait bien pour le fond, quand on lui avait donné tout le temps qu'il lui fallait pour lécher son ours, disait de grandes sottises quand il se mettait sur le bien dire, Tallemant, Historiettes, t. X, p. 216.

    Fig. Un ours mal léché, un enfant mal venu, mal fait, et aussi un homme grossier, qui ne peut s'accommoder de personne. Comme j'étais de chambrée avec lui, nous nous étions liés de préférence au milieu des ours mal léchés qui nous entouraient, Rousseau, Conf. V.

    Velu comme un ours, tout couvert de poil.

    Fait comme un meneur d'ours, se dit d'un homme mal accoutré.

    Il le faut faire monter sur l'ours, se dit d'un homme qui a peur et qu'on veut aguerrir, comme on aguerrit les enfants en les plaçant sur le dos d'un ours apprivoisé.

    Prenez mon ours, se dit quand on presse quelqu'un de prendre quelque chose dont on veut se défaire ; locution tirée de la farce l'Ours et le Pacha.

    PROVERBE

    Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant qu'on l'ait pris, avant qu'on l'ait mis par terre ; il ne faut pas spéculer sur quelque chose qui n'est qu'en espérance.
    Deux compagnons pressés d'argent à leur voisin fourreur vendirent La peau d'un ours encor vivant, Mais qu'ils tueraient bientôt, du moins à ce qu'ils dirent, La Fontaine, Fabl. V, 20. Il m'a dit qu'il ne faut jamais Vendre la peau de l'ours qu'on ne l'ait mis par terre, La Fontaine, ib.

    Terme de blason. Ours en pied, ours représenté debout avec une têtière.

  • 2 Fig. et familièrement. Personne qui fuit le monde. Qui ? moi, madame… que je n'aie pas obéi aux ordres de celle qui m'honore depuis si longtemps de son amitié !… tout ours que je suis, soyez persuadée que je suis un très honnête ours, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 28 janv. 1770. Au second voyage elle me dit, en voyant ma surprise : mon ours, voilà votre asile ; c'est vous qui l'avez choisi, c'est l'amitié qui vous l'offre, Rousseau, Confessions, VIII.

    Adjectivement. Bien fait de corps, mais ours quant à l'esprit, La Fontaine, Court.

  • 3Nom donné par les ouvriers imprimeurs aux pressiers.
  • 4Salle de police. Je fus passer deux jours dans un lieu ténébreux qu'on appelle l'ours, Souvenirs de Saint-Cyr, dans Excentricités du langage.
  • 5Pièce de théâtre qui a vieilli dans les cartons, en argot des coulisses. Les ours de Sibérie et les ours des cartons Dans cet autre Spitzberg avaient pris leurs cantons, Th. Gautier, Prologue d'ouverture pour l'Odéon.
  • 6Ours blanc, animal très carnassier qui vit dans les pays du Nord. Il ne faut pas confondre l'ours de terre avec l'ours de mer, appelé communément ours blanc, ours de la mer Glaciale ; ce sont deux animaux très différents tant pour la forme du corps que pour les habitudes naturelles, Buffon, Quadrup. t. III, p. 18.
  • 7Ours crabier, le raton crabier.

    Ours fourmilier, le fourmilier tamanoir.

    Ours terrestre, espèce de rat-taupe.

  • 8Ours marin, espèce de phoque. L'ours marin n'est pas le plus grand des phoques à oreilles, mais c'est celui dont l'espèce est la plus nombreuse et la plus répandue, Buffon, Quadrup. t. XI, p. 182.

HISTORIQUE

XIe s. Vous lui durrez [donnerez] urs et lions et chiens, Ch. de Rol. 3.

XIIIe s. Ors ne lion n'est ne beste sauvage Qui, tel foiz est, ne fraigne son vouloir De faire mal et ennui et domage, Eust. le Peintre, dans Couci.

XIVe s. Nouvellement avoit estet uns hours bersés [tué à coups de flèche], Baud. de Seb. VIII, 953.

XVe s. Endurer et souffrir tout comme un vieil ours emmuselé, Les quinze joyes du mariage, p. 178, dans LACURNE. Il ne fault marchander la peau de l'ours, devant que la beste soit prise et morte, Commines, IV, 3.

ÉTYMOLOGIE

Bourguign. or ; provenç. ors, urs ; du lat. ursus ; sanscr. rĭksha, qui lie le latin ursus au grec ἄρϰτος.