« resserré », définition dans le dictionnaire Littré

resserré

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

resserré, ée

(re-sè-ré, ée) part. passé de resserrer
  • 1Enfermé en des limites plus étroites. Comme il [le tourbillon de la vie de Rennes] était plus resserré, il en était plus violent, Sévigné, 14 août, 1680. Ce pays [la France], beaucoup plus resserré qu'il ne l'est aujourd'hui, affaibli par les divisions du gouvernement féodal, Voltaire, Ann. Emp. Louis V, 1336. Le fleuve resserré en cet endroit les porta avec une rapidité et un bruit horrible, Voltaire, Candide, XVII.

    Terme de botanique. Se dit de la gorge d'une fleur monopétale, quand elle est moins large que le tube.

    Involucre resserré, celui qui se rétrécit de plus en plus vers son orifice.

    Terme de zoologie. Nymphe resserrée, celle où l'insecte est à l'étroit.

  • 2Qui a peu d'étendue. Voyez-moi dans un logement resserré, triste, Mme Riccoboni, Œuv. t. IV, p. 65, dans POUGENS. Démosthènes, qui commandait l'arrière-garde composée de six mille hommes, s'étant égaré dans sa marche, fut poussé dans un lieu resserré, Barthélemy, Anach. Introd. part. II, sect. 3.

    Substantivement. Revenant avec le roi de la messe, Dumont, dans le resserré de la porte du petit salon, me tira par mon habit, Saint-Simon, 285, 120.

  • 3Empêché, gardé étroitement. Louis XI, resserré dans ses forteresses et environné de ses gardes, ne sait à qui confier sa vie, Bossuet, Panég. St François de Paule, 1. Ils se voient traités comme des criminels, méprisés, déshonorés, resserrés dans une prison qui seule leur tient lieu de supplice, Bourdaloue, Exhort. char. envers les prisonn. t. I, p. 85. Dans son palais il la tient resserrée, Loin de tous les plaisirs qui naissent à la cour, Perrault, Grisélidis. Depuis ce temps, ce père des chrétiens, Resserré loin de nous, blanchi dans ses liens, Gémit dans un cachot, Voltaire, Zaïre, II, 1. Pourquoi suis-je en un point resserré par le temps ? Voltaire, 6e disc.
  • 4 Fig. Qui est retenu, limité. Cette douleur qu'elle [Sainte Thérèse] ressentait de se trouver resserrée par les bienséances de son sexe et par les règles de sa profession, elle qui eût voulu porter par tout l'univers les vérités de l'Évangile, Fléchier, Panégyr. Ste Thérèse. Quelquefois dans sa course un esprit vigoureux, Trop resserré par l'art, sort des règles prescrites, Boileau, Art p. IV. Quand mes sentiments, resserrés, pour ainsi dire, autour de mon cœur par ma destinée, n'allaient point s'évaporant au dehors…, Rousseau, Promen. 8.
  • 5 Absolument. Qui n'a pas d'étendue intellectuelle ou morale. Faibles esprits, ou plutôt cœurs étroits et entrailles resserrées, que la foi et la charité n'ont pas assez dilatées pour comprendre toute l'étendue de l'amour d'un Dieu, Bossuet, Anne de Gonz. L'esprit rempli d'idées magnifiques… s'ennuie dès qu'il se trouve renfermé en lui-même et resserré en un petit nombre d'objets languissants qui ne le frappent que faiblement, Fléchier, Duch. de Mont.

    Physionomie resserrée, physionomie qui ne laisse rien voir. On ne s'explique point en ce lieu-là [la Bastille] ; et tous les gens qui vous abordent ont une physionomie si resserrée, qu'on ne s'avise pas de leur faire la moindre question, Staal, Mém. t. II, p. 94.

  • 6Ventre resserré, se dit quand les selles ne sont pas libres.

    Absolument. Être resserré, être constipé. Comme il [le roi] devint, la dernière année de sa vie, de plus en plus resserré, Fagon lui fit manger beaucoup de fruits à la glace, Saint-Simon, 403, 252.