« élu », définition dans le dictionnaire Littré

élu

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

élu, ue

(é-lu, lue) part. passé d'élire
  • 1Nommé par suffrages. Un magistrat élu pour tant d'années.

    Domicile élu, voy. DOMICILE.

    Substantivement. Le nouvel élu. Les élus du peuple.

  • 2 S. m. Terme mystique. Les élus, ceux que la grâce prédestine au bonheur céleste. Mais ces secrets pour vous sont fâcheux à comprendre, Ce n'est qu'à ses élus que Dieu les fait entendre, Corneille, Poly. V, 2. Si les lois de l'État s'opposent à son salut éternel [d'Henriette d'Angleterre], Dieu ébranlera tout l'État pour l'affranchir de ces lois ; il met les âmes à ce prix ; il remue le ciel et la terre pour enfanter ses élus, Bossuet, Duch. d'Orl. Ce grand Dieu avait ses élus dans la race d'Ésaü, Bossuet, Hist. II, 3. La miséricorde de Dieu ne voulait que se former un élu, Massillon, Profess. rel. Serm. 1. C'est moi qui marque leur séjour, Aux réprouvés de ma colère, Comme aux élus de mon amour, Hugo, Odes, I, 10. (Moïse) Sous les traits d'un enfant délaissé sur les flots, C'est l'élu du Sina, c'est le roi des fléaux, Hugo, ib. IV, 34.

    Par extension et dans le langage général. Un élu de cette vie, un homme prédestiné au bonheur sur la terre. Qui vit auprès d'Émilie, Ou bien auprès de Richelieu, Est un élu de cette vie, Voltaire, Poés. mél. LXXXVIII.

  • 3Nom qu'on donnait, dans les premiers siècles de l'Église, aux catéchumènes bien instruits, qui étaient élus, c'est-à-dire choisis pour le baptême.

    Titre donné dans le manichéisme aux dépositaires de tous les secrets de la secte.

  • 4Nom des juges du tribunal de l'élection, parce que, dans l'origine de cette institution, on les choisissait par élection pour imposer les tailles.

    On désignait la femme de l'élu sous le nom d'élue. Vous irez visiter pour votre bienvenue Madame la baillive et madame l'élue, Molière, Tart. II, 3.

HISTORIQUE

XIIe s. Les pensées des elis quant eles voient com nules sont toutes les trespassans choses…, Job, 493. De ses barons esliz [d'élite], Ronc. p. 9. Li cuens [comte] Rolant fu chevaliers esliz, ib. p. 57. [Les messagers] Qui bon chevalier sont, prudhome et esleü, Sax. XXVIII.

XIIIe s. Et ot li elleus de Biauvais la disme des clers de par l'apostole, Chr. de Rains, p. 90. Ô [avec] les ellus ellus seraz, O les pervers pervers seraz, Psaumes en vers, dans Liber psalm. p. 272.

XVe s. Six cens hommes esleus [d'élite], Commines, VI, 4.

ÉTYMOLOGIE

Élire avait, dans l'ancienne langue, deux participes, l'un plus ancien eslit (d'où élite), formé du participe latin electus, l'autre esleü, formé directement par la conjugaison romane du verbe élire.