« émousser », définition dans le dictionnaire Littré

émousser

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

émousser [1]

(é-mou-sé) v. a.
  • 1Rendre mousse, moins tranchant, moins aigu. Émousser un rasoir, la pointe d'une épée.

    Terme de guerre. Émousser les angles d'un bataillon, en retrancher les quatre coins, de sorte que, formant un octogone, il puisse faire face de tous côtés.

  • 2 Fig. Affaiblir, diminuer. L'habitude émousse le plaisir. La mort émoussera tous ces piquants propos, Tristan, Mariane, III, 2. Son dessein pouvait être d'amollir peu à peu leurs esprits en désarmant leurs mains, d'émousser cette pointe de courage qui les piquait sans cesse par une noble émulation…, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. V, p. 514, dans POUGENS. Dût César me punir d'avoir trop émoussé Le fer sacré des lois entre nos mains laissé, Voltaire, Guèbr. I, 4. Jean Rousseau, banni de Paris, Vit émousser dans ce pays [Bruxelles] Le tranchant aigu de sa pince, Voltaire, Ép. 53.
  • 3S'émousser, v. réfl. Devenir moins aigu. L'acier de Damas coupe le fer sans s'émousser. Le fer… s'émousse s'il [Dieu] l'ordonne, Rotrou, St Genest, IV, 2.

    Fig. Le courage s'émousse dans l'oisiveté. Tous ses sens s'émoussent et perdent leur usage naturel, Massillon, Av. Mort du péch. Qui peut savoir combien toute douleur s'émousse, Et combien sur la terre un jour d'herbe qui pousse Efface de tombeaux ? Hugo, F. d'automne, 6.

HISTORIQUE

XIVe s. Si que sa vertu [d'une substance] est mussée, Et leans sa pointe esmoussée Faulte de respiration, Traité d'alch. 206.

XVIe s. Les aigles et les lions en marchant resserrent leurs ongles au dedans, de peur qu'ilz n'en usent et emoussent les pointes, Amyot, De la curiosité, 19. Quand la science pourroit esmoucer et rabbattre l'aigreur des infortunes, Montaigne, II, 211.

ÉTYMOLOGIE

É- pour es- préfixe, et mousse, adj.