« ajourner », définition dans le dictionnaire Littré
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ajourner
- 1Assigner quelqu'un en justice à un jour marqué.
- 2Renvoyer une affaire à un autre jour. Ajourner une affaire, une délibération.
- 3Remettre à un temps indéterminé. Ajourner un projet, un travail, une dépense. Ajourner la guerre. Trop de sécurité fit ajourner les précautions.
HISTORIQUE
XIe s. Com pesmes [très mauvais] jurz nous est hoi ajurnez [s'est levé pour nous] !
Ch. de Rol. CLXVIII.
XIIe s. Quant li rois vit le matin ajorner
, Ronc. p. 157. Tute la nuit erreient entresqu'à l'ajurner ; E le jur se muçowent d'ici qu'à l'avesprer, Od muines, od noneins, en bois, pur els celer
, Th. le Mart. 49.
XIIIe s. Lors commença à ajorner, et li os [ost] commença à armer tout communalment
, Villehardouin, LXXXV. Devant l'aube aparant, ains qu'il fust ajourné…
, Berte, X. Me sire li rois vous semont et ajourne à Paris, sa cité, d'ui en quarante jours
, Chr. de Rains, p. 132. Et estoit ainsi establi que, se nus des ouvriers des mestiers dessuz diz fussent adjourné devant le dit mestre Fouques, et il defailloit de venir…
, Liv. des Mét. 106. Au matin, quant il ajorna, Sire Lietart s'apareilla
, Ren. 17527. Diex ! quant sera il ajorné ? Trop ai en ce lit sejorné
, la Rose, 2503. Bien furent trente mil sor les chevaux monté, Et ont tant chevalchié et tant esperonné Qu'ils vienent à Artois encontre un ajorné
, Ch. d'Ant. III, 537. Je voz ajorne à respondre à voz lettres
, Beaumanoir, X, 4. Ne li ajorné n'aloient pas à lor jor
, Beaumanoir, 54. Et le roi l'ajourna au parlement à Paris, et le roy Thibaut de Navarre le secont, qui là estoit pour oyr et pour droit fere aus parties
, Joinville, 289.
XVe s. Et l'avoient les douze pairs et les barons de France donné à messire Philippe de Valois, d'accord et ainsi comme par jugement, sans appeler ne ajourner partie adverse
, Froissart, I, I, 62. Ledit duc seroit adjourné à comparoir en parlement à Paris
, Commines, III, 1.
XVIe s. Te faudroit voir tous ces vieux romans et poetes françois, où tu trouveras un ajourner, pour faire jour ; que les praticiens se sont faict propre ; et mil autres bons mots, que nous avons perdus par nostre negligence
, Du Bellay, J. I, 29, recto. D'une entresuivante fuyte Il ajourne, et puis ennuyte [il fait huit]
, Du Bellay, J. III, 78, verso.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. ajornar ; ital. aggiornare ; de à et jour. Dans l'ancien français ajourner signifiait faire jour, et assigner à un jour dit : double signification très bien en rapport avec l'étymologie. Il est fâcheux que nous ayons perdu la première des deux ; car nous sommes réduits à une périphrase : il fait jour, le jour naît.