« ajuster », définition dans le dictionnaire Littré

ajuster

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ajuster

(a-ju-sté) v. a.
  • 1Rendre conforme à, rendre juste. Il ajuste la balance. Ajuster une pièce de monnaie.
  • 2Accommoder une chose en sorte qu'elle s'adapte à une autre. Vous ajusterez ce manche à la bêche. Bien qu'au moins mal qu'il pût, il ajustât l'histoire, Le loup fut un sot de le croire, La Fontaine, Fab. XI, 6. Pour ajuster les temps de l'histoire sainte avec ceux de la profane, Bossuet, Hist. I, 6.
  • 3 En termes de musique, rendre juste. Ajuster un tuyau d'orgue. Ajuster un diapason.

    Familièrement. Ajustez vos flûtes, se dit à un homme qui n'est pas d'accord avec lui-même ; à plusieurs personnes qui ne peuvent s'entendre.

  • 4Ajuster deux personnes, les concilier. Il n'est pas aisé de nous ajuster ensemble, Guez de Balzac, liv. 7, lettre 12. Ajuster un différend, le terminer à l'amiable.
  • 5Mettre une chose en état. Ajuster une machine. Et c'est ce même Dieu de qui la main puissante De ma frêle machine ajusta les ressorts, Chaulieu, Sur la mort. Mon hymen ajustait vos affaires, Molière, Femmes sav. V, 5.

    Ajuster toutes choses pour quelque dessein, prendre toutes les mesures nécessaires pour réussir.

  • 6Embellir, disposer. Il se divertit fort à faire ajuster cette maison, Sévigné, 164. Elle s'amusa à faire ajuster l'appartement de M. de Montpensier, Sévigné, 12.
  • 7Disposer avec soin, avec goût les choses de la toilette. On ne peut venir à bout de l'ajuster. Ajustons un peu nos cheveux au moins, et soutenons notre réputation, Molière, Préc. rid. sc. 7. Après s'être peigné et avoir ajusté ses canons, Molière, ib. sc. 10.

    Fig. On l'a ajusté de toutes pièces, on l'a maltraité en paroles ou en actions.

  • 8Viser Ajuster son coup. Ajuster un lièvre.

    Absolument. Il ajuste bien.

    Fig. Ce sont les conseillers fidèles Dont il prend les avis pour ajuster ses coups, Corneille, Agésil. I, 3.

  • 9 Terme de manége. Dresser un cheval aux divers exercices. Ce terme ne paraît plus usité aujourd'hui dans les manéges.

    Ajuster les rênes, rendre chaque rêne égale.

  • 10 Terme de marine. Réunir deux cordages entre eux par le nœud appelé ajust.

    S'AJUSTER, v. réfl.

  • 11Être unies, adaptées, en parlant de plusieurs choses. Ces deux pièces s'ajustent bien. Combien de ces sortes de mouvements doivent s'ajuster pour opérer cet effet, Bossuet, Conn. de Dieu, V, 3.
  • 12Être d'accord. Ces deux hommes ne sauront jamais s'ajuster. Elle viendra tantôt elle-même en personne, Vous vous ajusterez ensemble en quatre mots, Regnard, le Joueur, I, 4.
  • 13S'accommoder. Tout le globe de l'œil s'allonge ou s'aplatit selon l'axe de la vision, pour s'ajuster aux distances, comme les lunettes à longue vue, Bossuet, Conn. IV, 2. Elle leur fait [à ses fils] une destinée au gré de ses souhaits, sans consulter si les conseils éternels s'ajustent avec la témérité de ses espérances, Massillon, Car. Voc. Tout ce qui ne s'ajuste pas à nos vues et à nos lumières dans l'arrangement des choses d'ici-bas, trouve auprès de nous sa condamnation et sa censure, Massillon, Pur. 1. Que votre langage à mon faible s'ajuste, Molière, le Dép. II, 7. Cela s'ajuste assez mal au dessein…, Molière, Sicil. 7. Ne voyez-vous pas bien que tout ceci n'est fait que pour nous ajuster aux visions de votre mari ? Molière, B. gent. V, 7. Suivons, suivons l'exemple, ajustons-nous au temps, Molière, Psyché, I, 1. Tâchez de vous ajuster aux mœurs, Sévigné, 29.
  • 14Se parer. Chacun s'ajuste au mieux qu'il peut.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et doit avoir cil cui la mesure est, pour la mesure, soit mine, soit minot, quatre deniers pour l'ajouster et pour le seigneir, Liv. des Mét. 22.

XVIe s. Afin de pouvoir ajuster toutes les contrarietez qui s'y rencontreroient, D'Aubigné, Vie, CXII. Il lui demanda s'il n'y avoit pas moyen de l'en retirer en s'ajustant de bonne foi et en cherchant quelque temperament pour concilier les controverses qui divisoient les esprits, D'Aubigné, CXIV. Synarthrose : quand la jointure des os est serrée et adjutée de près, Paré, IV, 43.

ÉTYMOLOGIE

A (voy. À) et juste ; ital. aggiustare. Dans l'ancien français ajouster et ajuster se confondent, quant à la forme, d'une manière qu'on ne peut guère discerner. Mais dans le XVIe siècle la distinction devient évidente ; elle l'est en italien, aggiustare ne venant que de giusto, juste.