« arder », définition dans le dictionnaire Littré

arder

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arder ou ardre ou ardoir

(ar-dé ou ar-dr' ou ardoir)
  • 1 V. a. Brûler. Que le feu Saint-Antoine vous arde !
  • 2 V. n. Être brûlant. Haro ! la gorge m'ard, La Fontaine, Paysan.

REMARQUE

Ce mot est tombé en désuétude. Le participe passé est ards ou ars.

HISTORIQUE

Xe s. Enz en'l fou la getterent [ils], com arde tost, Eulalie.

XIe s. Les citez arses et les homes vaincuz, Ch. de Rol. XVI. Esterminals [sorte de pierre précieuse], escarboucles qui ardent, ib. CXIII. Il le fait pendre ou ardeir ou ocire, ib. CCLXVIII.

XIIe s. Ardent ces hastes, ces gonfanons vergiez, Ronc. p. 112. Largesse semble à feu de paille ; Quant il est ars, jà rien ne vaut, Le Comte de Bretagne, Romancero, p. 161. Ardant [nous] irons ses viles, ses chastiax et ses bors [bourgs], Sax. XXVII. Pur quei as fait ardre mes blez ? Rois, 172.

XIIIe s. Il virent ces hautes yglises, et ces riches palais fondre, et ces grans rues marcheandes ardoir à feu, et il n'en pooient plus faire, Villehardouin, XCI. Et fist tout maintenant ocirre l'archevesque de la ville, et tous les haus homes fist ardoir, Villehardouin, CLIV. Et tenoit bien li frons del feu, si come il aloit ardant, demi-liue de terre, Villehardouin, XCI. De deuil et de pitié trestous li cuers m'en art, Berte XXII. Que ce seroit bien fait que la vieille on arsist, ib. XCI. Li prevos de Paris doit faire ardoir la fausse œuvre, Liv. des mét. 251. Et saciés que il vous a fait jà grant damage, car il art et destruit quankes il ataint de vos fortereces, Chr. de Rains, p. 75. Autre mireor sunt qui ardent Les choses, quant eus les regardent, la Rose, 18367. Car cil qui plus en vont bevant, Ardent plus de soif que devant, la Rose, 6014. Aucunes fois seult l'en baisier Tel main qu'en vodroit qu'el fust arse, ib. 7417. Se uns simples chevaliers a un manoir delès une forest, et en cele forest uzages li est otroiés dou seigneur por son ardoir et por son mesonner et por pasture à ses bestes…, Beaumanoir, XXIV, 18. Et s'il ne les veut croire, ançois se veut tenir en se [sa] malvese erreur, il soit justiciés comme bougres et ars, Beaumanoir, XI, 2. Avec les autres villes que le conte de Champaingne ardoit, ardi il Espargnay et Vertus et Sezenne, Joinville, 204. La chandelle ardi tant que le feu se prist en la touaille, Joinville, 203. Elle li respondi qu'elle vouloit du feu ardoir paradis, et de l'yaue esteindre enfer, Joinville, 258.

XVe s. Ardit et gasta [Rob. Bruce] grand partie du royaume d'Angleterre, Froissart, I, I, 2.

XVIe s. Le feu du ciel eust ars toute l'abbaye, Rabelais, Pant. III, 19. Trop meilleur est soy marier que ardre on feu de concupiscence, Rabelais, ib. III, 39. Le temple d'Apollo fut ars et bruslé par les Medois, Amyot, Numa, 17. Il oublia d'esteindre les lampes qui ardoient la nuict en sa chambre, Amyot, Pélop. 22. Il ardoit et brusloit de desir qu'il avoit de s'en aller vistement à la guerre, Amyot, Marcel. 46.

ÉTYMOLOGIE

Ardere ; picard, arder, asir ; provenç. ardre ; espagn. arder ; ital. ardere.