« balayer », définition dans le dictionnaire Littré

balayer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

balayer

(ba-lè-ié), je balaye, tu balayes, il balaye ou il balaie, nous balayons, vous balayez, ils balayent ou ils balaient ; je balayais, nous balayions, vous balayiez ; je balayerai, ou balaierai, ou balaîrai ; je balayerais, ou balaierais, ou balaîrais ; balaye, balayez ; que je balaye, que nous balayions, que vous balayiez, qu'ils balayent ; que je balayasse ; balayant ; balayé v. a.
  • 1Nettoyer un lieu avec un balai. Balayer une allée.

    Enlever avec le balai. Balayer la poussière, les araignées.

    Fig. Balayer les nuages. Balayer les corsaires. Les rues furent balayées par la fusillade. Oddo, vous pouviez seul, réparant nos revers, Des flottes d'un tyran balayer nos deux mers, Delavigne, Vêpres sic. IV, 4. Delphes n'a plus d'oracles ; Le temps a balayé le temple et les miracles, Lamartine, Harold, I. Ces enfants à qui je souris, Mon pied balaiera leur poussière, Béranger, Juif errant.

  • 2 Par extension, se dit de quelque chose qui traîne à terre. Sa robe, son manteau balaye la terre. Quand ses lauriers [du Pinde] … Vont balayer la fange des cachots, Béranger, Damoclès.

REMARQUE

La prononciation balier est un archaïsme et un provincialisme, contre lequel Ménage mettait déjà en garde et dont il faut en effet se préserver.

HISTORIQUE

XIe s. Jusqu'à la terre li chevoel lui balient, Ch. de Rol. LXXVI. [Il] Brandist la lance, où l'enseigne balie, Roncisv. p. 58. Tantes enseignes contre venz baloians, ib. p. 135. Et prent l'espieu à or resplendissant, à cinq clox d'or l'enseigne bauliant, Raoul de Camb. 20.

XIIIe s. Les maisons [elles] firent baloier, Deseure et dessous nettoier, Bl. et Jeh. 4580. Il sunt tuit entré en la sale. Qui ne fu mie orde ne sale, Mais grans et bele et baloie, ib. 3052.

XIVe s. Il fait un gros balai, si va tout balayer, Girart de Ross. 4351.

XVe s. Si très tost que ces bourgeois aperçurent ces bannieres et ces pennons à grand foison ventiler et baloier…, Froissart, I, I, 272.

XVIe s. Allumer les cierges, ballier les temples, tendre aux soris, Calvin, Instit. 1186. L'autre le va par les flancs costoyant, Et l'autre encor va devant balloyant Les bancs de sable…, Du Bellay, J. VIII, 16, recto. Qu'il faille emploier plus de temps à balier la maison, qu'à en labourer les terres, De Serres, 18. Les caves seront souvent baloiées, De Serres, 201. Il vouloit que l'on acquist des heritages et maisons où il y eust plus à semer et à pasturer, que non pas à balier et à arrouser, Amyot, Caton, 10. Deux mil estoient, plombées deschargerent, Sonnent tabours, enseignes balloyerent ; C'estoit plaisir, Marot, J. V, 105. Au lieu du fier Marcou, qui souloit baloyer Sur le haut du donjon, ils ont faict desployer Et mettre un linge blanc sur le bout d'une lance, Marot, J. V, 157. … Ou d'autant que l'haleine Des eures [vents d'est], baloyant la poudroyante plaine, Amoncelle dans l'air quelque poussier fecond, Du Bartas, 1re semaine.

ÉTYMOLOGIE

Balai ; Berry, balier ; provenç. balayar. Baloier ou balier, dans l'ancien français, a deux sens : nettoyer avec un balai et flotter au vent. Dans ce dernier sens, est-ce le même mot ? Diez ne le croit pas et le rapproche de l'italien-lombard balicà, se balancer, flotter ; il se demande si ce ne serait pas un dérivé de ballare, danser. Il est certain qu'un bas-latin ballicare aurait donné baloyer, balier ; mais le son ai se transforme très facilement, dans la langue d'oil, en oi : témoin esmaier et esmoier ; c'est ainsi que balaier a pu donner baloier. Toutes les formes dans l'un et l'autre sens sont tellement semblables qu'elles portent à n'y établir aucune différence d'origine ; puis la signification ne s'y oppose pas, puisque balayer a encore un emploi très analogue dans : une robe qui balaye la terre.