« bercer », définition dans le dictionnaire Littré

bercer

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bercer

(bèr-sé ; le c prend une cédille devant un a ou un o : je berçai, nous berçons) v. a.
  • 1Balancer dans un berceau. On berce les enfants pour les apaiser et les endormir. Comme nos citoyens, de race désireux, Qui bercent les enfants qui ne sont pas à eux, Régnier, Sat. II.
  • 2 Par extension. Comme de vieux nochers dont la couche mobile est suspendue aux mâts, plus ils [les corbeaux] sont bercés par les orages, plus ils dorment profondément, Chateaubriand, Génie, I, V, 3. L'eau berce… La tente des matelots, Lamartine, Harm. I, 3.
  • 3 Fig. Endormir, adoucir. On m'a conté qu'au bord du Gange assis, Des exilés, gais enfants de la Seine, à mes chansons, là, berçaient leurs soucis, Béranger, Couplets à des habit. de Maurice. Le songe d'un enfant que berce un vague amour, Hugo, Odes, V, 4.
  • 4Amuser d'espérances. On le berçait de vaines promesses. Un espoir frivole le berça longtemps. Je ne regarde la vie que comme un songe ; mais, de toutes les idées flatteuses qui peuvent nous bercer dans ce rêve d'un moment…, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, mars 1765.

    Fig. et familièrement. J'ai été bercé de cela, de ces contes-là, j'en ai ouï parler mille fois dès mon bas âge.

    Le diable le berce, se dit d'un homme inquiet et agité, et aussi d'un homme qu'une passion captive en une sorte d'extase. Les vers sont donc durs, raboteux ? non, rapportez-vous-en à ce diable qui m'a bercé, Voltaire, Lett. D'Argental, 19 nov. 1766. Amour me berce, je ne puis plus sommeiller, Ancienne chanson du Comte Ory., replacée par SCRIBE dans l'opéra de ce nom, II, 10, sous cette forme : Amour me berce, et ne puis sommeiller.

  • 5 Terme de gravure. Bercer une planche, la préparer avec le berceau.
  • 6Se bercer, v. réfl. Il se berçait dans son hamac.

    Fig. Se repaître vainement de. Dès lors il se berça d'un vain espoir. Cependant, à le voir, plein de vapeurs légères, Soi-même se bercer de ses propres chimères, Boileau, Sat. VIII.

  • 7 En termes de manége, on dit qu'un cheval se berce lorsque, pendant ses allures, son corps éprouve un balancement latéral très prononcé.

HISTORIQUE

XIVe s. À Jehan Parchet, peintre, pour deux biers à berser, l'un grant et l'autre petit, par lui peins, De Laborde, Émaux, p. 164. À Jehan le huchier, pour un berseil de bois d'Illande avec la bersouere faits par lui et livré, pour bersier Madame Jehanne de France, fille de Madame la Royne, De Laborde, ib.

XVe s. Une petite fille qui berçoit ung petit enfant aagé d'un an ou environ, Du Cange, berciolum.

XVIe s. Et quoique la douleur lui aidast à crier, mardi gras avoit si bien bersé les habitans que le corps de garde fut deffait sans secours, D'Aubigné, Hist. II, 117. Tu m'en bailles bien ; je suis tout bersé [rebattu] de telles matieres, Despériers, Cymbal. 169. Dequoy les Flamands ont fait un proverbe, qui dit que, quand le François dort, le diable le berce, Sat. Mén. p. 171.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. breussé ; wall. bilsi, bilzî ; provenç. bursar, bressar (voy. BERCEAU).