« blasphémer », définition dans le dictionnaire Littré

blasphémer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

blasphémer

(bla-sfé-mé. L'accent aigu se change en accent grave quand la syllabe qui suit est muette : il blasphème ; excepté au futur et au conditionnel : il blasphémera, il blasphémerait ; ce qui fait une anomalie regrettable) v. n.
  • 1Proférer un blasphème, des blasphèmes. La reine alors sur lui jetant un œil farouche, Pour blasphémer sans doute ouvrait déjà la bouche, Racine, Athal. II, 2. C'est blasphémer contre la Providence, Massillon, Afflict. C'est cette vertu même à nos désirs cruelle Que vous louiez alors en blasphémant contre elle, Corneille, Poly. II, 2.
  • 2 Par exagération, tenir des propos injurieux ou malveillants.
  • 3Prononcer des jurements.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

  • 4 V. a. Outrager par le blasphème. Méchant, c'est bien à vous d'oser ainsi nommer Un Dieu que votre bouche enseigne à blasphémer, Racine, Athal. III, 4. Ils blasphèment le nom qu'ont invoqué leurs pères, Racine, ib. I, 1. Et si l'impie Aman à blasphémer le nom du Tout-Puissant Voulait forcer votre bouche timide, Racine, Esther, II, 9. Ces hommes, qui, selon le langage de l'apôtre, blasphèment tout ce qu'ils ignorent, Fléchier, II, 114. Ils ne parlent de Dieu que lorsqu'ils le blasphèment, Fléchier, Serm. I, 72. Il [St-Paul] blasphémait Jésus-Christ, et il va le prêcher dans les synagogues, Fléchier, I, p. 162. Oser blasphémer tout haut qu'il n'y a point de Dieu, Massillon, Resp. Des hommes impies qui méprisent toute domination, blasphèment la majesté…, Massillon, Carême, Vérité de la relig. Des enfants d'incrédulité que Dieu a livrés à la vanité de leurs pensées, qui blasphèment ce qu'ils ignorent, Massillon, ib. Ton Dieu que tu trahis, ton Dieu que tu blasphèmes, Voltaire, Zaïre, II, 3. J'ai quelquefois, aux jours de l'infortune, Blasphémé du soleil la lumière importune, Lamartine, Médit. I, 24.

    En un autre sens et figurément, blasphémer ce qu'on ignore, parler avec mépris d'une science ou d'un art qu'on ne connaît pas.

HISTORIQUE

XVIe s. Qui m'eust, helas ! qui m'eust sceu recognoistre, Lorsqu'enragé, vaincu de mes ennuis, En blasphemant ma dame je poursuis ? La Boétie, 447.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. blasfemar, blastemar, blastomar, blastimar ; anc. catal. blastemar ; espagn. blasfemar ; ital. bestemmiare ; du latin blasphemare, du grec βλασφημεῖν, de βλάπτειν, léser, nuire, et de φήμη, réputation, en latin, fama (voy. FAMEUX). Blasphémer a été fait tardivement sur blasphemare qui, à l'origine, avait donné blasmer, aujourd'hui blâmer.