« bondir », définition dans le dictionnaire Littré

bondir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bondir

(bon-dir) v. n.
  • 1Faire un ou plusieurs bonds. L'eau tombe, écume et bondit. Les troupeaux de moutons qui bondissent sur l'herbe, Fénelon, Tél. XII. Pourquoi bondissez-vous sur la plage écumante, Vagues dont aucun vent n'a creusé le sillon ? Lamartine, Harm. I, 3.
  • 2 Fig. Se soulever, en parlant de l'estomac. Un dégoût qui lui faisait bondir le cœur, Sévigné, 43. La reine Gisèle était toute courbée, toussant et crachant toute la journée avec une saleté qui faisait bondir le cœur, Fénelon, XIX, 17. Plus la nature humaine, abandonnée à elle-même ou à la superstition, inspire des idées tristes et fait bondir le cœur, plus…, Voltaire, Lettr. d'Argental, 15 août 1766.
  • 3 Terme de vénerie. Faire bondir, se dit du cerf, du daim, du chevreuil, qui, poursuivi, fait partir de la reposée d'autres bêtes fauves.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

HISTORIQUE

XIe s. Sur tous les autres bundist [retentit] li olifant, Ch. de Rol. CCXXV.

XIIIe s. Et s'entrevinrent si très rudement de pis et de chevaus, que il faisoient toute la terre bondir, Chron. de Rains. p. 65.

XIVe s. Et fu la grande cloche sonnée et haut bondie, Là sont li Espaignol venus sur la chaucie, Guesclin. 8572.

XVe s. Ils font si grand noise avec grands tabours qu'ils ont aussi, que on l'ouït bien bondir largement de quatre lieues angloises par jour et six de nuit, Froissart, II, III, 124. Les Escots commencerent à bondir leurs cornets et à bruir sur leurs tabours, Froissart, II, III, 124. À tant le fiert de l'espée entre le col et le chappeau, et luy fist bondir la teste jus des espaules, Percefor. t. IV, f° 42.

XVIe s. Les animaux aussi parmy les gros herbages Bondissent à grands saults, Du Bellay, J. IV, 76, recto. Ains, comme balles, d'vn grand sault [ils] Bondissoient en bas et en hault, Du Bellay, J. VII, 46, recto. Mais tantost veissiez d'autre part Gentilz hommes pensionnaires, Bondir courciers, et genetaires Faire ruades et grands saultz, Marot, J. V, 167. Les chevaux, de la douleur, bondissoient en l'air, Amyot, Crassus, 48. M. de Vendosme après avoir rasé le dit chasteau, et fait bondir les tours, print le chemin de Rouchauville, Du Bellay, M. 80. Mille especes d'animaux Inegaux Sur les campagnes bondissent, Am. Jamyn, liv. IV, Chanson, Or que le plaisant.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. bondir, retentir ; catal. bonir, même sens. L'ancien français bondir signifie retentir ; et on lui voit ce sens jusqu'au XVe siècle, où le sens de sauter apparaît. Ce qui fait croire qu'il est pourtant plus ancien, c'est qu'on le trouve dans l'anglais, to bound, faire un bond, et que, dans un texte du XIVe siècle (DU CANGE, bondula), on trouve jouer à la bonde pour jouer à la paume. Il faut admettre que, du sens de retentir, on a passé au sens de bondir, en considérant le retentissement comme un bondissement qui fait tressaillir, qui ébranle. Et en effet, l'anglais to bound signifie à la fois faire un grand bruit et faire un saut. Le sens primordial de bondir étant retentir, Diez le tire du latin bombitare, faire du bruit, avec un changement de la 1re conjugaison en la 3e (le picard bonder est de la 1re conjugaison), comme dans tentir de tinnitare, et du t en d, comme dans coude de cubitus. Quant au catalan bonir, le d aura disparu comme le t dans l'espagnol retiñir, portug. retinnir, pour retentir.