« bonde », définition dans le dictionnaire Littré

bonde

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bonde

(bon-d') s. f.
  • 1Large ouverture de fond, destinée à laisser écouler toute l'eau de l'étang quand on retire le tampon qui la bouche ordinairement.

    Par extension, la pièce de bois qui sert à boucher la bonde.

  • 2Trou rond par lequel on remplit un tonneau.

    Le morceau de bois qui sert à boucher la bonde d'un tonneau. On dit plus souvent bondon.

    Fig. Notre amante Lâche la bonde aux pleurs cette fois-là, La Fontaine, Court. En levant les bondes des digues, Bossuet, Haine, 2. Je lâche la bonde à mes larmes, Rousseau, Conf. IV. À son cours violent je veux ouvrir la bonde, Tristan, Panthée, V, 7.

  • 3Pièce de cuivre garnie d'un rebord et qu'on soude sur la faïence d'une cuvette de garde-robe.

REMARQUE

Dans l'emploi figuré, quand on dit lâcher, ouvrir la bonde, on considère l'ouverture. Quand on dit lever la bonde, on considère le tampon. La remarque de ceux qui condamnent lever la bonde n'est donc pas admissible.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et je otroie que li abes [abbé] et li convens devant dit fassent fossez entour leur bos, de bonde en bonde [borne] toutes les fois que il vourront, Du Cange, bondula. Tant que de son corps soit desvorce L'ame à qui donna si grant bonde [limite] Charité qui en lui habonde Que jusqu'au ciel monter l'efforce, J. de Meung, Tr. 1162.

XVe s. Avoient rapporté les Normands que cette armée [anglaise] se mettoit sus à l'encontre des bondes [frontières] de Normandie, Froissart, II, II, 22. C'est grant peine que de vivre en ce monde, Encore est ce plus peine de mourir ; Si convient-il, en vivant, mal souffrir, Et, au derrain, de mort passer la bonde [borne], Orléans, Rond. 45. Prince, monstrez à ces jeunes enfans Que leurs cuidiers ne les soit decevans ; Car tost verront de vieillesce la bonde, Et mort qui fiert les petiz et les grans, Deschamps, Les err. de la jeunesse. [Le déluge] mortifia toute creature vivant en la terre, et en deffermant les bondes des abismes, aglouty les haultesses des mons, meismes les oiseaulx de l'air en la geulle des fons, Chastelain, Chron. du D. Philippe. Proesme.

XVIe s. Il espie ceux de qui la maison s'en est allée par les fenestres, comme quand l'estang sort par la bonde, et sont demeurés à sec, D'Aubigné, Conf. I, 9. Poissons qui sont en estangs, après trois ans, ou la bonde estant levée, ou mis en huches, sauvouers ou reservouers, sont meubles, Loysel, 215.

ÉTYMOLOGIE

D'après Diez, de l'allemand : suisse, punt ; souabe, bunte ; ancien haut-all. s-punt ; angl. bung. Étymologie très vraisemblable, mais qui rencontre une difficulté dans l'historique où bonde signifie borne (angl. bound). Que de bone, ancienne forme de borne, on ait fait bonde, c'est ce qui se peut très bien, par l'attraction de l'n pour le d, comme rendre de reddere ; qu'on ait passé du sens de borne, soit en raison de l'usage, soit en raison d'une assimilation de forme, au sens de bonde ; cela se conçoit aussi ; et dès lors, vu l'historique, il semble qu'on ne peut séparer bonde de bone ou borne (voy. BORNE).