« boîte », définition dans le dictionnaire Littré

boîte

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

boîte

(boî-t' ; la syllabe oî est longue) s. f.
  • 1Petit coffre à couvercle. On lui jeta les joyaux et la boîte, La Fontaine, Conf. Que vient de te donner cette farouche bête ? - Cette lettre, monsieur, qu'avecque cette boîte…, Molière, Éc. des mar. II, 8.

    Familièrement. On dirait qu'elle sort d'une boîte, se dit d'une personne dont la toilette est d'une grande fraîcheur, et aussi d'une personne apprêtée, guindée.

    Il faudrait que cette personne fût toujours dans une boîte, elle est si délicate que la moindre impression de l'air lui fait mal.

    Fig. et familièrement. La boîte à Perrette. caisse secrète d'une association non avouée. Perrette est ici un nom arbitraire pour un possesseur non avoué.

  • 2Boîte aux lettres, boîte d'un bureau de poste, où le public dépose ses lettres.

    Boîte à réverbère, petite cavité faite dans une muraille, fermée à clef, et contenant la corde qui sert à faire monter ou descendre un réverbère.

  • 3Tabatière. Il a toujours sa boîte à la main.
  • 4Ce que contient une boîte. Boîte de pastilles.
  • 5 En termes d'artillerie, petit mortier de fer haut de sept ou huit pouces, qu'on tire dans les fêtes publiques. Des boîtes qui crevèrent tuèrent trois ou quatre personnes, Sévigné, 291. Je l'accoutume aux coups de fusil, aux boîtes, aux canons, Rousseau, Ém. I.
  • 6 Terme d'anatomie. Boîte du crâne, la cavité osseuse qui renferme le cerveau.
  • 7 Terme de médecine. Boîte fumigatoire, boîte qui contient tout ce qui est nécessaire pour secourir les noyés et les asphyxiés.
  • 8Boîte à savonnette, sorte de boîte en forme de boule, qui s'ouvre par son milieu en deux parties égales.

    Terme d'art militaire. Embouchure de fer ou de fonte dans laquelle entre le bout de l'essieu d'un affût.

    Boîte à pierrier, fausse culasse des pièces d'artillerie, qui se chargeaient par la culasse.

  • 9Tuyau par lequel le vent est transmis du sommier des orgues à un jeu d'anches.

    Coffre de fer percé de trous et placé à l'entrée d'une conduite d'eau, pour empêcher les ordures d'y passer.

    Jonction de deux pièces d'une soupape dans une machine hydraulique.

    Douille que les serruriers scellent dans un billot et qui, recevant l'extrémité d'une barre, la tient ferme.

    Partie d'un vilebrequin qui, emboîtant la mèche, la fixe au corps de cet instrument.

    Boîte d'essai, petit coffre dans lequel les monnayeurs mettent les monnaies essayées.

    Boîte du crochet, morceau de bois fixé à mortaise au bout de l'établi du menuisier et qui sert à maintenir un crochet de fer.

    Terme d'architecture. Assemblage de planches formé pour revêtir une poutre.

    PROVERBE

    Dans les petites boîtes sont les bons onguents, se dit à propos des gens de petite taille à qui l'on fait le compliment de les préférer aux autres.

REMARQUE

On a vu plus haut que Molière fait rimer boîte avec bête ; c'est que, de son temps, on prononçait ouè la diphthongue oi (une bouète), en y faisant entendre un e, tandis que aujourd'hui on y fait entendre un a. Cette ancienne prononciation est encore celle de certaines provinces.

HISTORIQUE

XIIe s. En une boiste, Ronc. p. 16.

XIIIe s. Et quanques cil gaaigne qui l'ouvroir a ouvert, il le met en la boiste de la conflarie des orfevres, Liv. des mét. 39. Li bochier d'Orliens prennent sur chascune beste six deniers, et metent en une boete, à defendre cels de lor borc contre autres gens, Liv. de just. 7. Ne savez-vous que la castenge [châtaigne] Douce, plaisans, ist de le [la] boisse [enveloppe] Aspre, poignant de grant angoisse ? Roi Guillaume, v. 1150, dans DU CANGE, Gloss. français.

XIVe s. Une boeste d'argent, à mettre pain à chanter, esmailliée dedans et dehors, pesant un marc, deux onces, De Laborde, Émaux, p. 168. Pour faire et forgier la garnison d'argent pour une ceinture et une boiste à porter lettres, De Laborde, ib. Une boiste d'argent endorré pur porter eynz [dans] un anel entour le col de un homme, De Laborde, ib.

XVe s. Ils s'esmeurent, rompirent les bouettes des fermiers des aydes, jetterent l'argent par les rues, Juvénal Des Ursins, 1380. Quand monseigneur le curé vit qu'on le vouloit bouter en la boiste aux cailloux [prison], il fut plus esbahi qu'un canet, Louis XI, Nouv. XCVI.

XVIe s. Quelque femmelette qui regrette la perte des bouettes où estoient les fards, Amyot, Timol. 22. Cinq petites pieces à boites, faites d'un excellent artifice, et qui, bien qu'elles ne soyent que de calibre demie bastarde, peuvent faire bresche de 50 pas, D'Aubigné, Hist. III, 62. Si l'os de la cuisse est hors de sa boitte, Paré, Introd. 23. Toutes especes et differences d'artifices de feu, comme boëttes, bariquades, grenades, Paré, t. III, p. 705. À la volonté sera laissée la façon de percer les tonneaux ; comment y mettre l'espine ou guille, en France appellée focet, et l'instrument avec lequel l'on perce le tonneau, guimblet, la canelle, fontaine, boëte, ou robinet, ni de quelle matiere soit-elle, de leton ou de bois, De Serres, 832.

ÉTYMOLOGIE

Berry, bouete ; wallon, boise ; provenç. boissa, bostia, brostia, brustia ; portug. boeta. Raynouard le tire de buxus, buis ; mais on ne voit pas comment le t se serait introduit, cette étymologie n'expliquant que la forme boissa. Diez le tire de πυξίδα, pyxida ; d'où, dans le bas-latin, buxida, poxides : ce qui a donné boiste et boistia, et, par affaiblissement de la prononciation, boissa dans le provençal et boise dans le wallon. Πυξὶς, boîte, de πύξος, buis.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BOÎTE. Ajoutez :
10Boîte à mitraille, cylindre en tôle ou en fer-blanc rempli de balles qui se séparent à la sortie de la bouche à feu ; ce projectile a été pendant longtemps nommé boîte à balles.

Boîte de culasse, pièce dans laquelle est maintenu le cylindre obturateur des armes à feu se chargeant par la culasse.

HISTORIQUE

XIVe s. Ajoutez : Comme de tout temps soit accoutumée que les marchands frequentans nos monnoyes portants argent et billon pour ouvrer en icelles, ont, par bonnes, loyalles et anciennes coutumes, souffert pour leurs franchises et volontés, toutes fois qu'ils ont pesé et pesent leurs billons, qu'ils aient mis et mettent en une boëte à part de deniers à Dieu certaine quantité, dont à leurs requeste et accord l'on fesoit et soutenoit pons, chaussées, et plusieurs autres passages par tous les lieux où ils estoient et par où lesdits marchands aloient et venoient en nosdittes monnoies, Ordonn. du 14 octobre 1346.